Avec Mission Impossible: The Final Reckoning, Tom Cruise et Christopher McQuarrie semblent signer la fin de la saga au cinéma. Alors ce dernier tour de piste censé clore un chapitre de 30 ans tient-il ses promesses ? Ou se fait-il emporter dans le chaos de son récit ? Notre critique.
Cruise Control
Mais où est donc passée la partie 2 ? Question qui taraudera sûrement ceux qui se sont arrêtés au titre de l’épisode précédent, présenté sous le nom de Dead Reckoning Partie 1. Les autres sauront que le Covid en 2020, ainsi que la concurrence Barbenheimer sont passés par là, et ont eu partiellement raison de Dead Reckoning, victime en plus de critiques et d’un box-office mitigés, « seulement » 600 millions $ de recettes pour un budget estimé à 300 millions $, c’est ce qu’on appelle un semi-echec dans le milieu. Alors pour celui qui est censé clore la saga (et oui, on dit bien censé parce qu’au final, on laisse quand même de potentielles portes ouvertes…), pas question de saborder le long métrage.
Ca passe donc avant tout par un changement de stratégie marketing. On oublie donc le partie 1 du précédent titre pour évoquer directement le Final. Celui qui va tout clôturer, quitte à inutilement faire des liens que personne n’avait demandé avec les épisodes précédents. Encore que l’un d’eux est plutôt bien utilisé (toutefois amené avec les gros sabots d’un scénario un peu trop compatissant). Bref, dans Mission Impossible: The Final Reckoning, une véritable apocalypse pèse sur le monde et une très lourde responsabilité sur le dos d’Ethan Hunt.
L’Entité, la méchante IA, est sur le point de provoquer une crise cataclysmique (au sens propre) entre les plus grandes puissances du monde et le seul à détenir la clé pour empêcher la catastrophe est Ethan, pour qui il est hors de question qu’elle soit entre les mains de n’importe qui d’autre. Bilan global de ce final, qui n’en est peut-être pas tout à fait un: nous sommes sur l’épisode le plus sinistre, sur le fond comme sur la forme. Les enjeux dramatiques sont bien amenés et l’intrigue accroche assez bien sur ce simple postulat, même si on regrette quand même la légèreté de certains moments des épisodes précédents realisés par ce même Christopher McQuarrie. Mais, avec 3h pas franchement bien gérées, nous sommes aussi sur l’un des épisodes les plus ronflants…
Mission Impossible: The Final Reckoning, une bonne tranche d’ennui
Parce que le premier problème de Mission Impossible: The Final Reckoning, ce sont bien ses quasi 3h au compteur, que le scénario n’exploite pas au meilleur rythme qui soit. En résulte une première heure franchement longue dans laquelle on tourne autour du pot pour nous expliquer que l’Entité va mettre le chaos si on ne l’arrête pas avant qu’il ne soit trop tard. Il faut donc se taper des séquences de bureaux CIA et autres discussions qui manquent franchement de panache. Et c’est bien ce qu’on veut voir lorsque l’on assiste à un Mission Impossible. Et justement, le panache, c’est pas tellement le point fort de ce final.
Alors on a quand même droit à 2 grands moments de bravoure, nous venant de Tom Cruise. Mais sur un total de 3h de film, ca paraît quand même bien maigre. Pour commencer, cette longue séquence en profondeur, qui aurait pu sortir d’un film de James Cameron, qui maintient une tension palpable mais est cassé par certaines longueurs et surtout par de dernières minutes improbables qui cassent absolument toute la crédibilité de la scène pour mieux faire appel à la crédulité du spectateur. Oui, la suspension d’incrédulité a toujours été de mise avec la saga, mais là, on y ajoute une bonne dose de Chuck Norris Facts au tout.
Mais c’est après cette heure globalement ennuyante, malgré la mise en place d’éléments narratifs intéressants (enfin, qui auraient pû l’être si on en faisait quelque chose…), que le film se réveille enfin pour proposer ce que l’on veut voir avant tout dans un final de Mission Impossible: de l’action et des séquences d’envergure même dans ses moments les moins palpitants. Néanmoins, il n’y a pas non plus énormément à se mettre sous la dent ici. LE moment palpitant va surtout ici être présenté sous la forme d’une longue séquence aérienne en biplans, tournée avec une authenticité et des décors qui rappellent encore une fois la beauté de tourner des cascades aussi grandioses avec aussi peu d’artifices.
Tom Cruise partage l’affiche
Ethan Hunt à beau détenir la clé pour sauver le monde, on ne peut qu’apprécier que, pour ce dernier chapitre, il ne soit pas le seul à jouer un rôle dans la destruction de cette IA maléfique un peu has-been sur les bords. Le scénario parvient tout de même a leur donner un rôle essentiel dans le bon déroulement de l’intrigue, voire à leur donner à chacun leur petits moments de bravoure. Comme cette pseudo-prise d’otage dans le chalet d’une vieille connaissance ou ce fameux formatage qui va nécessité un doigté et un timing de la plus haute précision qui soit (ceux qui auront vu comprendront). Mais il subsiste là aussi un dommage collatéral au niveau du développement. Car à vouloir en donner pour tout le monde, on ne dévoile alors plus aucune profondeur dans le casting, qui n’est alors là que pour briller du mieux possible dans les moments les plus intenses.
Ainsi, Grace, le personnage de Hailey Atwell n’a plus aucun développement, si ce n’est celui de ses talents de voleuse( rappel qui n’est là que pour justifier le rôle qu’elle va tenir dans les derniers moments de l’intrigue), la méchante cliché Paris, femme de main de Gabriel, jouée par Pom Klementieff n’a rien à proposer ici alors qu’elle ne joue plus dans la même cour. Attention, elle ne brillait pas par sa subtilité dans l’épisode précédent. Mais on aurait pensé que sa nouvelle situation dans The Final Reckoning aurait été accompagné d’un semblant de complexité. Ce semblant, qui n’amène strictement rien, sera finalement utilisé sur un second couteau déjà présent dans l’épisode précédent.
Parfaite représentation de ce final à vouloir faire des liens avec un passé vieux de 30 ans, comme-ci il fallait absolument ça pour rappeler que c’est censé être le chapitre final. Mais de toute façon, ca ne marche pas. Parce que ce n’est absolument pas développé et au final, ca donne l’impression d’avoir voulu complexifier, durant les retouches scénaristiques, un personnage anecdotique, qui de toute façon, se tenait très bien tel qu’il était présenté. Et le voilà l’autre gros souci de Mission Impossible : The Final Reckoning. Malgré les enjeux et tout ce qui était mis en place dans l’épisode précédent (voire dans LES épisodes précédents): Presque tout sonne on ne peut plus anecdotiques.
Resumé de notre critique de Mission Impossible: The Final Reckoning
Pour ce grand final (vraiment ?…), Tom Cruise et Christopher McQuarrie se plient en 4 pour offrir un morceau en apothéose. Si le pari est en partie réussi lors de la seconde partie du long métrage, avec des séquences tournées en dur dans ce qui compte parmi les meilleurs décors de la saga, des enjeux parmi les plus dramatiques ( le terme « sauver le monde » n’a jamais autant été de rigueur) et peut aussi compter notamment sur 2 scènes de bravoure parmi les plus dingues de toute la saga, il faut quand même composer avec un paquet de choses qui ne vont pas franchement.
Entre une première heure ennuyante et des personnages qui n’ont plus le moindre semblant de développement, le film n’a pas grand chose de passionnant à proposer. Même les enjeux et menaces du précédent film ne semblent plus ici franchement menaçants, à l’image de l’antagoniste Gabriel, qui cassait déjà malgré lui sa crédibilité avec un « Ethaaaaaaan » nanardesque à souhait. À la décharge du film, il a fallut composer avec beaucoup de déconvenues lors de l’écriture. Forcément, quand il faut prendre en compte que l’on s’attaque au (supposé) chapitre final d’une saga de 30 ans, c’est souvent Mission Impossible. Et ca l’a été ici en grande partie.
Mission Impossible: The Final Reckoning sortira au cinéma le 21 mai 2025.