Test The Callisto Protocol: Que vaut la suite spirituelle de Dead Space ?

C’est peu dire que The Callisto Protocol était très attendu. Premier jeu du studio Striking Distance, le titre a su séduire dès son annonce aux Games Awards 2020. Une hype qui s’est principalement construite autour de son affiliation avec le créateur de Dead Space. Une affiliation dont on a vite fait de remarquer la teneur, tant le titre semblait similaire dans sa construction.

Alors Glen Schofield et son nouveau studio parviennent-ils à viser la lune avec The Callisto Protocol ou le jeu n’est-il qu’une pâle copie d’un classique de l’horreur vidéoludique ? Réponse dans le test qui suit.

Précisons que ce test a été réalisé à partir d’une version PS5 et que nous avons réalisé nos propres captures, à partir du mode qualité.

Black Iron Man

NJacob Lee Callisto protocolotre aventure se déroule dans un futur loin de quelques centaines d’années. Jacob Lee vaque à ses occupations de livreur de l’espace quand son vaisseau se retrouve abordé par un groupe terroriste mené par Dani Nakamura. S’ensuit alors un crash sur Callisto, un des satellites naturels de Jupiter dont Jacob et Dani sont les seuls survivants. Ni une ni deux, les voilà transférés à la prison de Black Iron pour une raison inconnue.

L’autre inconnue, c’est la mystérieuse mutation des différents locataires en monstres voraces et adeptes de l’arrachage de têtes. Notre héros va donc devoir tenter de s’échapper de cet enfer lunaire et pourquoi pas comprendre l’origine des événements. À l’écran, tout ramène à l’iconique soft de Visceral Games. De l’écran épuré de tout élément de hub, à la caméra aux épaules du héros, indicateur de santé planté verticalement dans la nuque, difficile de ne pas y voir en premier lieu une copie pure et simple des aventures d’Isaac Clarke. Un parallèle qui doit aussi au sublime jeu d’éclairage de Black Iron et ses environs, aspect sur lequel nous reviendrons plus bas.

Mais dès le premier adversaire rencontré, on comprend que le gameplay va marquer une nette différence avec son père spirituel : le corps à corps prend le pas sur le combat à distance. En effet, au niveau des affrontements, le jeu est découpé comme tel : on utilise la gâchette R2 pour frapper l’adversaire et on esquive avec le joystick gauche, en alternant successivement de gauche à droite.

On peut également utiliser des armes à feu, que l’on récupère et améliore via les rares reforges disséminées aux 4 coins de Callisto, tout comme la matraque électrique de notre héros. Matraque qui n’a en fait pas grand-chose d’électrique, vu que ça n’a aucune incidence sur les ennemis ou le level design au passage.

Jacob Lee est dans de beaux draps

Callisto Protocol est beau. Vraiment beau.  En mode qualité sur PS5, le jeu profite d’un excellent travail de RT sur les reflets ainsi que les ombres et les lumières. Tous ces éléments participent à donner à la mésaventure de Jacob un aspect anxiogène bienvenu. Précisons que la Dualsense est aussi mise à contribution et c’est d’autant plus vrai pour les retours haptiques, des vibrations à l’intensité variable se faisant ressentir à différents moments, notamment lorsque l’on approche dangereusement de pâles tournantes.

Mais le tout se fait au prix d’un 30 FPS pas toujours stable et si le mode performance vient fortement modérer ce souci de framerate, on perd indéniablement en qualité visuelle, le RT apportant beaucoup. Le jeu est par ailleurs très gore, la communication à beaucoup tourné autour de cet aspect visuel et n’a clairement pas menti dessus. Les effets sont plutôt chouettes et bien réalisés, même si volontairement exagérés. Les textures aussi sont très « propres » et seuls certains éléments, tels que les effets de feux, en jpeg animés font tâches.

The Callisto Protocol privilégié sur PS5 ?

Comme beaucoup, nous avons eu vent des soucis rencontrés sur les versions PC et notamment XBOX Series et pour cette dernière, nous avons pu uniquement comparé via des vidéos sur le net, n’ayant pas eu la possibilité de jouer à ces versions. Si one ne pourra donc pas se prononcer objectivement sur la question, il faut savoir que Sony a prêté mains forte aux équipes de Striking Distance, ce qui peut éventuellement expliquer certains éléments. La direction artistique est aussi franchement sublime, que ce soit les intérieurs crasseux et organiques de Black Iron ou les extérieurs enneigés de Callisto, avec ses effets de blizzard et ses particules de neiges.

Notons également le rendu des visages très propres des protagonistes, dont les principaux sont ici incarnés par Josh Duhamel et Karen Fukuhara, vus respectivement dans la saga Transformers et la série The Boys, mais nous mettrons un léger bémol sur leurs expressions.

Dani et Jacob - Callisto Protocol

The Callisto Protocol copie la forme, mais pas le fond

On ne reprochera pas à la progression d’être plutôt linéaire. Non pas que le jeu se prête spécialement au genre open World mais disons que le rythme pâtit de certaines lacunes qui lui font fortement défaut.  Déjà le personnage est assez lourd. Un détail qui peut avoir du sens avec l’ambiance du jeu, mais cette lourdeur s’avère à la longue plus frustrant qu’autre chose. Que ce soit pour avancer, ou porter des coups de matraque, Jacob n’est pas le plus vif de tous. Et ça, c’est sans compter les innombrables conduits d’aérations, faufilages entre 2 murs un peu trop serrés et autres passages dans les ascenseurs qui viennent ponctuer les ralentissements faisant la joie des chargements cachés.

Dans Dead Space, ce procédé restait efficace, car il permettait une meilleure immersion dans le jeu, offrant dans ses meilleurs moments des morceaux anthologiques dans le domaine de la terreur. Seulement voilà, Callisto Protocol emprunte davantage la voie du jeu d’action que celui du genre horreur, en dépit de tous les éléments artistiques en place, et par conséquent, ne parvient jamais à créer l’effroi ou ce sentiment de malaise et de claustrophobie auquel il peut prétendre sur le papier.

Jacob callisto Protocol

Parler de linéarité est un peu mentir en vrai, puisque l’on peut faire quelques détours qui vont principalement servir à récolter des ressources et des crédits qui serviront notamment pour la revente (certaines n’ont d’ailleurs aucune autre utilité) ou simplement pour recharger ses armes, sa santé ou encore son gant GRP.  Ces détours permettent également de mettre la main sur quelques enregistrements appelés Données Bios qui n’apportent pas grand-chose à l’histoire, mais serviront pour un éventuel trophée.

En parlant des ressources, si l’on peut en trouver certaines dans des armoires ou autres tables, la plupart sont récoltables directement sur les ennemis, uniquement après avoir transformé leurs carcasses déjà peu ragoutantes en bouillie de chair (miam). Certes, ça ajoute du gore à un titre qui en propose déjà beaucoup, même si c’est gratuit, mais le problème, c’est que c’est la seule manière de récupérer des ressources sur les cadavres. Et comme on ne peut pas écraser les corps des ennemis que l’on a précipités dans le vide ou empalés sur des murs de pics grâce au gant GRP, ça rend le procédé légèrement mal pensé.

Jacob biophage callisto protocolLes armes ne sont d’ailleurs pas particulièrement étoffées. Il y a un bon feeling, mais on tourne assez vite en rond. Concernant les affrontements au corps à corps, les combos sont quasiment inexistants et le jeu reste assez peu permissif. On esquive comme précédemment dit de gauche à droite et on frappe, voilà l’idée générale. Les améliorations permettent seulement de rendre les armes un peu plus puissantes et d’occasionner plus vite des dégâts                                                                aux adversaires, sans plus. Notre personnage n’est certes pas censé être un expert du fight club, mais c’est quelque chose qui ajoute beaucoup à la redondance générale. Attention, nous ne disons pas que les combats sont désagréables. Cette idée d’utiliser les joysticks pour esquiver et parer les coups est originale, mais une plus grande variété dans les combos aurait été bienvenue.

Dead Space Mountain

Arpenter les couloirs de Black Iron n’est pas franchement désagréable pour ce qui est de l’ambiance générale et le jeu offre quelques moments plutôt cools et spectaculaires. L’ennui, c’est qu’au-delà de la lourdeur de Jacob et cette proportion insolente de conduits et autres, le titre manque d’audace ou d’idées pour varier les plaisirs dans la progression.

Généralement, le procédé consistera à avancer en réactivant une console dans certains cas, qui elle-même permettra l’activation d’un ascenseur, ou bien à trouver et remettre en place des fusibles dans l’écrasante majorité des autres cas.

La seule phase vraiment rafraichissante du jeu, et encore, c’est ce moment où l’on affronte des biophages (c’est le nom donné aux mutés) aveugles, se repérant par le son, façon TLOU. Ce qui ne change pas énormément des autres ennemis, puisque contrairement à Joel, Jacob n’a pas la bonne idée de détourner leur attention en jetant un caillou sur leur droite, et ils ont beau être aveugle, ça n’empêche pas qu’ils nous suivent à la trace dès qu’on est repéré et qu’on ne peut que les attaquer par derrière.

jacob fusible callisto protocol

Sauve(garde) qui peut !

Il faut parler à ce propos du système de sauvegarde et des curieux emplacements de leurs checkpoints. Ici, vous avez donc un checkpoint toutes les 2 min tout au plus. Certes, c’est beaucoup, direz-vous, sauf que leur emplacement est particulièrement frustrant.

Par exemple, vous récupérez des munitions, utilisez la reforge pour vendre votre camelote, améliorez vos accessoires ou autres, passez un petit conduit d’aération duquel s’ensuit un combat énervé. Vous mourrez et revenez… juste avant de récupérer les munitions et la forge. Et ne comptez pas sur les sauvegardes manuelles, elles ne changent absolument rien dans le sens ou le jeu les considère curieusement comme des sauvegardes auto. On ne fait pas toute la liste mais comprenez que globalement, oui, les checkpoints sont franchement mal placés. Certes, ce n’est qu’une minute de perdu à chaque fois, direz-vous mais devoir répéter ce genre de phase est particulièrement ennuyant à la longue.

Notons aussi quelques problèmes techniques qui avaient lieu sur la version française. Entre des sous-titres qui ne s’affichaient tout le temps, une synchro labiale parfois maladroite et un brusque changement de langue dans les conversations, nous avons vite fait de passer à la version anglaise. Dommage dans le sens ou la vf fait le café niveau acting. Toutefois, précisons que ces problèmes ont été constatés sur les toutes premières heures de jeu et qu’il est tout à fait possible qu’il a été corrigé à l’heure actuelle (une maj sera effectuée sur le test, le cas échéant)

Une histoire intéressante mais…

Le problème de la redondance dans un jeu est qu’elle peut vite nous faire décrocher de l’histoire. Celle de The Callisto Protocol à beau ne pas bouleverser les codes établis de son genre, elle reste globalement sympa à suivre et dans le genre, n’est ni trop courte, ni trop longue puisqu’il nous à fallu environ 12h en mode normal pour venir à bout du jeu, ce qui reste dans la moyenne. Oui mais eu égards de cette répétitivité générale tant dans la progression que des mécaniques de jeu, en résulte un certain manque d’intérêt jusqu’à une fin qui ne nous apprends pas grand chose de vraiment surprenant mais qui promets on ne peut plus clairement une suite qui, ésperons-le sera plus excitante.

Et ce dernier mot résume peut-être le problème de The Callisto Protocol. C’est un jeu assez plaisant à parcourir mais avec sa redondance et sa lourdeur, n’en est jamais excitant. Pire, certains éléments le rendent même parfois frustrant. Un constat mi figue-mi raisin en vu des promesses initiales.

The Callisto Protocol est développé par Striking Distance Studios, édité par Krafton et est disponible depuis le 2 décembre 2022 sur PS4, PS5, XBOX ONE, XBOX SERIES et PC.

Points forts:

  • Très beau visuellement (textures, éclairages et effets)
  • Un gameplay qui privilégie le corps à corps avec un système original pour le genre
  • La manette PS5 et ses vibrations haptiques
  • Une ambiance assez prenante.
  • Le jeu d’acteur en VO
  • Un jeu bien gore
  • Assez plaisant à parcourir…

Points faibles

  • … Malgré la lourdeur de Jacob
  • très redondant dans ses mécaniques de gameplay et sa narration
  • des soucis techniques sur la VF
  • Un scénario sympa mais sans plus et sans surprises
  • Des combats qui manquent de variétés
  • Un système de sauvegarde mal pensé
  • Le jeu ne fait que rarement peur

Résumé du test de The Callisto Protocol

The Callisto Protocol use de son affiliation avec Dead Space pour offrir une expérience de jeu similaire, pas non plus désagréable et sans pour autant être une copie conforme du jeu de Visceral Games. Un piège qu’il évite notamment grâce à certains choix de gameplay, comme de privilégier le corps à corps. Toutefois, le jeu use des mêmes mécaniques jusqu’à la fin et en dépit de son ambiance visuelle et sonore franchement réussi, il ne parvient à faire que rarement peur et globalement, ne se hisse jamais à la hauteur de son modèle. En espérant que la suite clairement annoncée par la fin du jeu corrige les tares de ce qui, rappelons-le, constitue le premier jeu d’un nouveau studio.

Graphismes
95 %
Durée de vie
80 %
Gameplay
65 %
Histoire
55 %
Bande son
80 %

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Maximus
Maximus
Quelque part, dans un des millions d'univers infinis qui composent notre multivers, je déteste les jeux vidéos. Je n'y éprouve aucun intérêt et pire, je me montre particulièrement condescendant envers les "gamers". Mais c'est un autre univers.

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