Test Robocop : Rogue City- Fan service et plaisir coupable

20 ans après sa dernière apparition dans un jeu vidéo, Alex Murphy revient sous la houlette de Teyon, les responsables du médiocre Rambo the video game (et du plus réussi Terminator Resistance) pour un nouvel hommage au cinéma d’action 80’s. La bonne nouvelle, comme on va le voir dans ce test, c’est que Robocop : Rogue City poursuit sur ce chemin salvateur, confirmant que Rambo n’était peut-être rien de plus qu’une erreur du débutant.

La loi de Murphy

Robocop : Rogue City situe son action entre le deuxième et le troisième film de la saga. De quoi se mettre les fans dans la poche. La Vieille Detroit est toujours une zone de non-droit, avec ses ruelles mal famées, tandis que la Nuke, la drogue synthétique au centre du second volet, n’a pas été éradiquée. Bref, Robocop a encore du ménage à faire. Pour commencer, rendez-vous dans un studio de télévision, ou un gang de punk n’a rien trouvé de mieux que de retenir des otages pour attirer l’attention d’un « nouveau venu dans la ville » qui se présentera comme le principal antagoniste.

Robocop Rogue city gameplay

Mais pas le temps de tergiverser. Robocop est surtout là pour faire parler son Auto9. Ça tombe bien, les ennemis qui pullulent dans le studio que nous allons nettoyer n’ont vraisemblablement pas vu les films et ne savent donc pas que Roboflic n’est pas qu’une vulgaire boîte de conserve. C’est ainsi qu’au cours d’une aventure longue de 10h (15 pour le 100%), Murphy va headshot du gangster de nanar. Soyons franc, si l’ambiance est très fidèle, l’histoire ne raconte rien de franchement intéressant. Même les tentatives de traiter le côté humain d’Alex Murphy n’apportent rien, de même que les choix de dialogues. Mais elle reste dans l’esprit des films et joue à fond la carte du clin d’œil. On ne demande pas mieux.

On sera toutefois ravi des nombreux clins d’œils et de l’hommage appuyé à la saga. Voir et surtout entendre de nouveau Peter Weller dans le rôle qui l’a révélé est un pur régal, tout comme retrouver les lieux, personnages et ennemis iconiques. Le commissariat est reproduit par exemple avec une fidélité déconcertante, même si l’on y reprochera me manque d’intérêt en termes de level design. On aurait aussi à redire sur le doublage assez inégal. Si Peter Weller est toujours aussi bon, c’est un peu plus mitigé pour le reste du casting, jouant souvent avec des intonations forcées.

Peter weller Robocop ecran fin de mission

Le meilleur Detroit

Pour ce qui est des graphismes et de la mise en scène, ça souffle le chaud et le froid. Dès que Robocop entre en scène, sortant de sa fameuse Ford Taurus, le titre nous flatte la rétine.  L’Unreal Engine 5 restitute superbement les effets de lumières et les reflets, surtout dans les séquences de nuit.  Tandis que l’ambiance noire et dystopique des films sont parfaitement restitués. Mais on devine assez vite les limites imposées par le budget. Les rues de Detroit sont un peu trop vides, les textures sont assez pauvres et les visages des protagonistes paraissent très lisses. Mais qu’importe le budget, le but premier était de faire un jeu Robocop et Teyon ne s’est pas loupé sur ce coup-là

Alex Murphy a beau avoir la démarche d’un robot sorti d’un vieux film d’action, il défouraille à tout-va. Ça explose des têtes, ça jette des ordinateurs cathodiques, ça choppe des ennemis pour les éclater contre un mur et de jolis petits ralentis aléatoires nous permettent de bien profiter de ces actions. Ralentis qui interviennent systématiquement lorsque nous défonçons des portes, afin de prendre les adversaires par surprise. Il faut aussi dire que l’aspect explosif doit beaucoup aux décors partiellement destructibles. Décors qui sont d’ailleurs la seule couverture de notre héros, qui ne peut ni se baisser, ni même courir ou sauter (si ce n’est dans des phases scriptées)

Robocop Rogue City Detroit

Et forcément, tout le problème dans le fait d’incarner un tel personnage est là : on se retrouve avec des mécaniques un peu trop vieilles dans le domaine du FPS. De fait, les non-adeptes et autres fans de Call of Duty devraient avoir un peu plus de mal à y trouver leurs comptes. On notera aussi l’ironie de voir les ennemis agir plus machinalement encore que notre policier de métal.  Ces derniers répètent systématiquement les mêmes mouvements ou parcours, quand ils ne se contentent pas de vider leurs chargeurs tout en restant statiques.

Robot Playing Game

Mais un autre élément est aussi là pour pousser plus loin l’immersion, à savoir la dimension RPG. Le problème, c’est qu’elle n’apporte strictement rien et ne semble être là que parce que c’est un peu devenu une norme dans tous jeux d’actions modernes. Nous pouvons choisir nos réponses durant les phases de dialogues. Mais dans les faits, elles ne changeront strictement rien au déroulé des évènements, si ce n’est les réponses données à la psychologue de l’OCP, qui bouleverseront la fin, mais même là de façon anecdotique.

C’est ainsi qu’entre une ou deux missions, notre justicier de fer va dresser des PV, arrêter des criminels du dimanche, ramasser des doses de duke ou autres documents qui n’amèneront qu’une seule chose : faire monter l’XP. Seulement, dès le début, Robocop fait montre de sa brutalité et par conséquent, la montée en puissance ne se ressent quasiment pas. On s’interroge également sur l’utilité d’avoir d’autres armes que le traditionnel Auto9. Si l’on exclut certains moments qui nécessiteront davantage l’utilisation d’une arme à lunette, il y a peu de chances que nous utilisions autre chose que l’arme mythique de Murphy, disposant de munitions illimités et que l’on pourra en plus rendre de plus en plus puissante (et celle-ci se ressent pour le coup)

Le problème global avec cette dimension RPG, c’est qu’elle vient casser le rythme très pêchu des scènes d’actions et si on pouvait espérer qu’elle masquerait un peu la redondance générale, elle ne fait qu’y ajouter du poids. On ne fera pas autant de reproches aux séquences d’investigations, même si elles sont assez mécaniques dans l’ensemble, parce que encore une fois, ça reste quelque peu dans l’esprit de Robocop. Et c’est clairement ce sur quoi les développeurs ont tenu à se concentrer.

Résumé de notre test de Robocop : Rogue City

Robocop : Rogue City est un véritable hommage à la saga cinématographique, que ce soit au niveau de l’ambiance dystopique ou de la violence graphique. Teyon n’a fait aucune concession sur le rendu. Incarner Robocop procure un plaisir indéniable pour tout fan de la licence. Mais il faut bien admettre que si ces derniers ont de quoi être comblé, ce ne sera pas le cas de tous. Robocop : Rogue City souffre peut-être de mécaniques de FPS trop vieilles pour séduire au délà.

À une époque où la mode est aux fasts FPS, Robocop : Rogue City opère un retour en arrière qui ne séduira pas tout le monde. Il faut aussi dire que ses mécaniques RPG n’apportent pas grand-chose. Elles ont au contraire tendance à ajouter une couche dans la redondance générale, déjà appuyée par le manque de vie à Detroit. On se dit franchement qu’un gameplay et un level design plus linéaire aurait vraiment bénéficié au titre. Mais dans sa proposition, Robocop : Rogue City s’avère être un jeu honnête et passionné. Un titre qui fleure bon l’hommage aux années 80 et on regrettera surtout que Teyon n’a pas bénéficié d’un budget plus conséquent, car on imagine sans peine ce qu’ils auraient pu faire avec.

Robocop Rogue City est disponible depuis le 2 novembre 2023 sur PC, PS5 et Xbox Series

Points forts

  • On incarne Robocop !
  • Un respect de la licence qui crève les yeux
  • Le Unreal Engine 5 assez bien exploité…(direction artistique, lumières)
  • Les gunfights, véritable défouloir old school…
  • Peter Weller excelle de nouveau dans le rôle principal
  • L’histoire qui fait le pont entre le deuxième et troisième film
  • Quelques idées narratives intéressantes…
  • La montée en puissance de l’Auto9

Points faibles

  • On incarne Robocop…
  • Les zones de jeu qui manque un peu trop de vie
  • La dimension RPG, qui enlève plus qu’elle n’apporte
  • … mais pas toujours (textures grossières, visages lisses)
  • Peut-être un peu trop old school pour les non adeptes de la saga
  • … Qui n’apportent rien en définitive
  • La montée en puissance de Robocop
  • Le reste du casting un peu moins convainquant 

Graphismes
65 %
Gameplay
75 %
Durée de vie
60 %
Histoire
80 %
Bande-son
80 %

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Maximus
Maximus
Quelque part, dans un des millions d'univers infinis qui composent notre multivers, je déteste les jeux vidéos. Je n'y éprouve aucun intérêt et pire, je me montre particulièrement condescendant envers les "gamers". Mais c'est un autre univers.

Articles Récents

Instant Gaming image
20 ans après sa dernière apparition dans un jeu vidéo, Alex Murphy revient sous la houlette de Teyon, les responsables du médiocre Rambo the video game (et du plus réussi Terminator Resistance) pour un nouvel hommage au cinéma d'action 80's. La bonne nouvelle, comme on...Test Robocop : Rogue City- Fan service et plaisir coupable