Avis Redfall : Un jeu sans mordant mais plein d’accrocs

Catastrophe. Voilà le terme qui résume au mieux la situation de Xbox depuis la sortie de Redfall. Une situation telle que Phil Spencer lui-même a dû se fendre d’un mea-culpa. De notre côté, nous tempérerons quelque peu nos propos sur le sujet car non, tout n’est pas à jeter dans le nouveau titre d’Arkane Austin. Mais force est d’admettre que le jeu n’aurait jamais dû sortir en l’état. Parce que de tout ce qu’il entreprend, il n’y a que peu de bonnes choses à retirer de Redfall. Et ça nous fait comme un coup de pieu au coeur de le dire.

Redfall poster officiel

4 héros sans peur et plein de reproches

Redfall prend place sur l’île du même nom. Voilà qu’un beau jour, ce petit havre de paix touristique perd de sa superbe lorsque les vampires débarquent,  éclipsant le soleil et forme une barrière océanique. Une résistance menée par 4 chasseurs est alors engagé pour venir à bout de la menace.  Le joueur devra choisir un de ces 4 chasseurs pour faire l’intégralité de l’aventure.

Parmi eux, nous retrouvons Jacob, un tireur d’élite capable de se rendre invisible, d’envoyer un corbeau analyser les menaces et faire apparaitre un puissant fusil spectral. Layla, l’étudiante en biomédicale peut repousser les balles en générant un parapluie/bouclier, faire apparaitre un ascenseur psychique pour se propulser dans les airs ou encore appeler son ex-vampire de fiancé pour lui prêter main forte. Remi, l’ingénieure garde-côte peut faire diversion avec son petit robot, coller du C4 au mur et placer une balise de soin. Devinder, le Tony Stark de la bande peut quant à lui étourdir ses ennemis avec une lance électrique, se téléporter d’un point à un autre et enfin lancer une bombe à rayon UV ultra-puissant.

Lorsque vous choisissez un héros, vous faites l’aventure jusqu’au bout avec lui/elle. Vous ne pouvez pas en changer à la volée. On comprend que Arkane ne voulait pas intégrer les 4 personnages dans le même récit. Mais pourquoi ne pas donner la possibilité au joueur de sélectionner son personnage au chargement d’une partie ? d’autant que ça ne change absolument rien sur le plan narratif. Au point d’ailleurs que la rejouabilité est sans intérêt.

Cela étant dit, on ne peut pas dire que les compétences soient particulièrement excitantes. Jacob est le plus intéressant de la bande, son gameplay étant axé sur la furtivité. Mais l’IA, catastrophique en rend l’expérience fastidieuse. Entre les ennemis qui ne réagissent pas, ceux qui réagissent beaucoup trop tôt et autres aberrations, c’est tout simplement l’une des pires IA qu’il nous ait été donné de voir ces dernières années.

Redfall ennemi vampire immobilisé

Une technique qui fait grincer des dents

Arkane avait annoncé la couleur en nous teasant joyeusement l’absence d’un mode 60 FPS au lancement, pour la version console. Qu’on se le dise une fois pour toutes : Il s’agit pour nous d’un détail qui ne gêne pas spécialement, tant que le jeu reste fluide. Et il l’est sans problème. De notre côté, on a peut-être noté de très brefs ralentissements dans le menu de lancement et à de très rares occasions durant quelques sessions. En revanche :  Le jeu n’est franchement pas beau. C’est simple, on a l’impression de voir un titre sorti au début de la génération précédente.

Alors pas de 60 FPS, d’accord, mais on attendait en contrepartie des capacités techniques qui justifient l’absence de ce mode performance. Faut-il rappeler que le jeu tourne exclusivement sur XBOX Series et PC ? C’est franchement dommage car à côté, la direction artistique et le level design tiennent plutôt bien la route. Un level design toutefois loin d’être exceptionnel. Le gameplay quant à lui offre un arsenal très varié au niveau des armes, à l’inverse du bestiaire. Mais les sensations de shoots sont aux abonnées absentes. Les ennemis, y compris les boss sont d’une facilité déconcertante. Pourtant, on ressent malgré tout un certain plaisir manette en main. Soulignons aussi l’ambiance sonore, qui se révèle particulièrement efficace.

L’île de Redfall est plutôt bien conçue, avec ses décors et ses ambiances variés, sa gestion jour/nuit (enfin presque…), ses intérieurs pratiquement tous explorables, sa propension à la verticalité et sa capacité à s’adapter aux 4 héros et leur gameplay spécifiques. Mais en terme de level design, si le savoir-faire est bien là, on cherche encore la folie, l’originalité de Arkane. On pense à Prey et Dishonored pour leur niveaux littéralement renversants. On pense à Deathloop, pour son habileté à jouer de sa boucle temporelle pour bouleverser l’exploration de Colt, que ce soit dans la recherche de secrets ou l’élimination de ses ennemis. Mais rien de tout ça dans Redfall. Ah oui, c’est aussi très vide en terme niveau ennemis.

Un solo peu passionnant et une coopération mal pensée.

L’histoire de Redfall tient sur un timbre poste. Ce n’est pas grave. Ce qui l’est un peu plus, c’est que même les développeurs ont dû croire que l’histoire n’intéresserait personne vu qu’aucun effort n’est fait pour la mettre en avant. En terme de mise en scène, nous avons seulement droit à des petites saynètes fixes commentées par notre héros. Le jeu tente également une narration environnementale façon The Last of Us notamment  avec ces lettres laissées un peu partout par les habitants mais ne parvient jamais à leur donner corps comme le faisait si bien le titre de Naughty Dog, exemplaire à ce sujet.

Et les personnages secondaires ne sont pas attachants pour un sou. Très rapidement dans le jeu, nous allons nous retrouver dans un QG que nous partagerons avec différents personnages présents tout au long du jeu. Ils ont un nom, un passif, une histoire… Mais leur traitement est si banal qu’on en vient à zapper leur prénoms. Plutôt ironique de la part d’un titre qui, sur le papier, prétends mettre la coopération au coeur du gameplay et du récit…

Le mode coopération, parlons-en justement. En terme de symbiose, pas grand chose à reprocher. De ce que nous avons testé, les différents pouvoirs nous paraissaient assez complémentaires et on peut même en utiliser certains sur nos alliés. Ce qui coince, c’est que d’une part, on ne peut jouer qu’avec des joueurs que nous avons en ami et d’autre part, les joueurs invités sont fortement pénalisés puisque leur niveaux n’augmentent pas. Ce qui veut dire que lorsque vous repassez en solo après avoir passé des heures à jouer en coopération, vous reprenez tout à zéro… Oui, la frustration est bien présente.

Redfall coopération bouclier parapluie

Conclusion : Un jeu sorti trop tôt de son cercueil

Vous l’aurez constaté, notre retour sur le jeu semble particulièrement salé. Pourtant, nous mentirions en prétendant qu’il n’offre absolument aucun plaisir manette en main, notamment dans les gunfights (malgré le manque de sensations) ou l’exploration de l’île.  Seulement, entre son IA catastrophique, sa narration éclatée (dans le mauvais sens du terme) et sa technique à la ramasse, Redfall présente tous les symptômes du jeu sorti à la hâte.

Cependant, dans notre humble naïveté, nous croyons encore en la réhabilitation du titre. Si au niveau narration et mise en scène, il sera compliqué de faire quelques chose, la plupart de ces défauts sont corrigeables. À ce moment-là alors, peut-être que le plaisir de jeu sera meilleur voire total. Parce que pour le moment, à 80€ le jeu, c’est une expérience que l’on ne peut que vous déconseiller. À moins d’être abonné au gamepass XBOX, auquel cas vous y trouverez peut-être votre compte.

Points forts

  • un gameplay offrant un certain plaisir de jeu…
  • Un level design simple et efficace…
  • Une île bien conçue, avec ses décors variés
  • La complémentarité des héros en mode coopération
  • Un doublage VF assez convaincant
  • Le design sonore réussit
  • Des héros au pouvoirs complémentaires en mode coop…

Points faibles

  • … mais qui manque trop de feeling
  • … sans la folie et l’originalité habituelle d’Arkane
  • Techniquement plutôt vilain
  • Une map vide, des ennemis tous les 10 pâtés de maisons
  • Une facilité déconcertante en mode normal
  • L’IA : Une catastrophe
  • La narration et la mise en scène, tous deux inintéressants
  • Un mode coopération désavantageux pour les joueurs invités
  • On ne peut pas changer de héros à la volée
  • …mais pas très intéressants en mode solo

Redfall est disponible depuis le 02 Mai sur XBOX Series et PC, également disponible dans le Gamepass

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Maximus
Maximus
Quelque part, dans un des millions d'univers infinis qui composent notre multivers, je déteste les jeux vidéos. Je n'y éprouve aucun intérêt et pire, je me montre particulièrement condescendant envers les "gamers". Mais c'est un autre univers.

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