Lara Croft fait son grand retour avec Tomb Raider IV-VI Remastered, une nouvelle tentative de raviver les souvenirs des fans de longue date. Mais derrière la promesse de rafraîchir ces classiques, des questions se posent : ces remasters parviennent-ils à faire honneur à la saga et à réconcilier les joueurs avec les défauts de l’époque ? On vous répond dans notre test.
Une nostalgie bien dosée, mais pas sans défauts
Après la sortie de la première compilation remasterisée des trois premiers jeux de la saga il y a un an pile (notre test ici). Aspyr Media et Crystal Dynamics ont désormais entrepris de moderniser les trois épisodes suivants, souvent jugés comme les moins appréciés par la communauté. L’histoire de Tomb Raider IV, V et VI est intimement liée à celle du studio Core Design, dont l’agonie créative s’est accélérée au fil de ces épisodes. Après l’énorme succès du premier Tomb Raider, les jeux suivants ont marqué un déclin évident, tant au niveau du gameplay que de la direction artistique. Tomb Raider IV : La Révélation finale (1999), Tomb Raider V : Sur les traces de Lara Croft (2000) et Tomb Raider VI : L’Ange des Ténèbres (2003) témoignent de ce passage à vide, où le studio se battait contre des contraintes de temps et des choix créatifs douteux.
Cette compilation remasterisée, qui reprend ces trois titres, s’inscrit dans un contexte de renouveau pour Lara Croft, mais également dans une période de transition difficile pour la franchise. En effet, entre le reboot des jeux, une série Netflix et des rumeurs autour de Crystal Dynamics, Tomb Raider IV-VI Remastered offre un regard nostalgique sur une époque révolue, tout en cherchant à réconcilier le passé avec les standards modernes.
La refonte visuelle : un lifting presque parfait
Les remasters de Tomb Raider IV-VI sont avant tout une célébration graphique des anciens jeux. Les textures ont été améliorées, les modèles de personnages redessinés et les éclairages rehaussés pour offrir une nouvelle vie aux mondes d’antan. Le mode de commutation entre les graphismes originaux et remasterisés permet de mesurer l’étendue du travail effectué, et pour les nostalgiques, c’est un véritable plaisir de redécouvrir ces environnements sous un jour plus moderne.
Toutefois, certains choix visuels sont surprenants. Les éclairages parfois trop sombres ou un étalonnage douteux altèrent parfois l’atmosphère originale, notamment dans Tomb Raider IV, où les jeux d’ombres étaient essentiels à l’ambiance mystérieuse du jeu. On se surprend même parfois à revenir aux graphismes d’origine pour avoir une meilleure vision de l’éclairage pour avancer dans le jeu.
Mais là où la déception se fait sentir, c’est du côté des cinématiques, qui restent figées dans leur état d’origine. Un vrai gâchis, car celles-ci auraient largement mérité un « Glow up » digne de ce nom, d’autant plus que la saga a traversé plusieurs générations de consoles.
Gameplay : moderniser sans trahir
Si les améliorations visuelles sont indéniables, le gameplay des remasters est plus sujet à débat. L’un des ajouts les plus notables est l’introduction de commandes modernes, semblables à celles des jeux de type TPS. Cela aurait pu être une bonne idée pour rendre les titres plus accessibles aux joueurs contemporains, mais la transition avec le level design original est loin d’être fluide.
Par exemple, Tomb Raider IV était conçu pour des contrôles rigides, typiques des jeux de l’époque, et les nouveaux contrôles viennent perturber cette expérience. La gestion des séquences en jeep et en side-car reste particulièrement frustrante, un héritage des bugs d’origine qui n’a pas été corrigé.
Le gameplay est également marqué par la réintroduction de certains éléments, comme les doubles pistolets ou le système de furtivité, mais ces ajouts semblent insuffisants pour redonner à l’expérience toute sa richesse. Si certains joueurs apprécieront ces touches de modernité, d’autres regretteront la lourdeur persistante de certains déplacements, notamment dans L’Ange des Ténèbres, qui reste l’un des épisodes les plus difficiles à apprivoiser.
Une ambiance sombre et une histoire de transition
Ces trois épisodes marquent également un virage dans l’ambiance de la saga. Tomb Raider IV plonge les joueurs dans l’Égypte antique, avec des mystères et des artefacts mystiques, tandis que Tomb Raider V explore davantage le passé personnel de Lara. Cependant, c’est Tomb Raider VI : L’Ange des Ténèbres qui cristallise toutes les attentes et déceptions de la franchise. Initialement conçu comme un renouveau radical, cet opus se heurte à de nombreux problèmes de développement et de gameplay. Le remaster tente de corriger certaines erreurs, mais la maniabilité reste toujours aussi rigide et les problèmes de caméra persistent.
Les fans de la saga trouveront sans doute leur bonheur dans les clins d’œil, les tenues alternatives pour Lara ou le mode photo amélioré, mais ces ajouts ne suffisent pas à combler les lacunes d’un gameplay qui peine à se réconcilier avec les attentes modernes.
Mention spécial tout de même à ce mode photo qui permet de prendre des clichés parfaitement cadrés avec notre héroïne dans plusieurs poses de notre choix.
Une résurrection incomplète
Ce remaster est donc un hommage à une époque révolue, mais il manque le petit plus qui aurait pu faire de cette compilation un véritable chef-d’œuvre nostalgique. Tomb Raider IV-VI Remastered séduira sans doute les plus fervents fans de la saga, mais il est difficile de voir en cette compilation un renouveau triomphal pour Lara Croft. La franchise mérite un renouveau, mais ce n’est peut-être pas dans cette réédition qu’il se concrétisera.
Côté bande-son : les musiques sont, soit trop absentes, soit exactement calquées sur le modèle d’origine. Une déception donc, dans la mesure où cet aspect aurait également mérité un lifting plus complet. On notera tout de même pour les puristes, le retour du doublage de Françoise Cadol en Lara Croft.
Les studios tentent d’ajouter une touche de plaisir supplémentaire pour ceux qui veulent revivre la magie des anciens jeux. Toutefois, les contrôles modernes, bien qu’optimisés, ne suffisent pas à effacer la nostalgie d’une époque où les déplacements rigides et les animations figées faisaient partie du charme de l’expérience. L’ajout du niveau bonus du Times restera appréciable mais le manque de contenu global pour une édition remasterisé nous laisse sur notre faim.
Notre avis sur le test de Tomb Raider IV-VI Remastered
En somme, Tomb Raider IV-VI Remastered est une oeuvre en demi-teinte. Un mélange d’hommage sincère et de défis difficiles à surmonter. Si le travail réalisé sur les graphismes et les ajouts de gameplay est indéniablement appréciable, la remasterisation peine parfois à convaincre totalement. Les remakes modernes et la nostalgie se heurtent à des limites de gameplay, de maniabilité et de structure de niveau qui, malgré de bonnes intentions, restent difficilement modifiables.
Ce qui aurait pu être un véritable chef-d’œuvre nostalgique se retrouve dans une position où il est à la fois un hommage aux anciens titres et un témoignage des difficultés à moderniser un jeu aussi iconique que Tomb Raider. Autant les anciens joueurs nostalgique de cette époque peuvent se laisser tenter pour cette deuxième compilation. Autant nous doutons clairement un attrait de la part des nouveaux joueurs malgré ce lifting de notre pilleuse de tombe reconnue. La franchise mérite assurément un renouveau, mais ces remasters rappellent que la magie de l’original n’est pas toujours facile à reproduire.
Tomb Raider IV-VI Remastered est disponible depuis le 14 février 2025 sur PC, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series et Nintendo Switch.
Points forts
- Des graphismes améliorés
- Des sauvegardes illimitées
- La présence d’un épisode bonus du Times
- Un mode photo très complet
- La nostalgie pour les anciens joueurs
Points faibles
- Un gameplay daté
- Une caméra toujours chaotique
- Les cinématiques d’origine
- Un manque de contenu étoffé
- L’attrait du jeu pour les nouveaux joueurs