Harmony The Fall of Reverie est le nouveau jeu des Parisiens de Don’t Nod. Un studio qui a acquis sa réputation dans l’excellence narrative avec des jeux tels que Life is Strange ou Tell me Why ? Après quelques jours et quelques runs passés sur ce Harmony, il est temps de vous dire ce que l’on a pensé de la nouvelle pépite narrative du studio avec notre test complet.
Harmony The Fall of Reverie offre un récit d’aspirations inspiré
Pour la première fois, Don’t Nod revisite sa formule narrative établie depuis les aventures fortes en émotions de Maxine et Chloé. Avec Harmony The Fall of Reverie, le studio opte pour un light novel, avec presque tous les codes artistiques que ça implique. À la différence près qu’ ici, on est sur un gameplay légèrement moins passif que ce à quoi le genre nous a habitués… tout en l’étant bien plus que dans n’importe quelle autre production Don’t Nod.
Harmony The Fall of Reverie nous raconte l’histoire de Polly, une jeune femme qui revient à Atina, son île natale méditerranéenne afin d’enquêter sur la disparition de sa mère. Là-bas, elle découvre qu’une mégacorporation, MonoKonzern semble avoir imposé une influence drastique sur les habitants mais surtout, elle met la main sur un collier qui lui permet de naviguer entre Fatal, le monde réel, et Reverie, sorte de monde imaginaire dans lequel certaines des aspirations humaines sont personnifiées (Vérité, Lien, Félicité, Pouvoir, Chaos et Gloire). Dans ce monde, elle devient Harmonie, une Oracle qui a pour mission de rétablir l’équilibre fragile entre ce monde fait d’aspirations et le monde réel.
Avec Harmony, Don’t Nod prouve une fois encore son savoir-faire dans le domaine narratif. L’histoire captive suffisamment pour ne pas décrocher le joueur malgré de petits problèmes de rythmes. Les personnages sont hauts en couleur, en particulier les aspirations et tous bénéficient de dialogues bien ciselés, en plus d’être attachants et d’offrir quelques moments assez forts en émotions. Tout en traitant de certains thèmes chers au studio, tels que les liens entre humains, Harmony nous implique plus que la plupart des lights novels puisqu’il fait de l’un de ses principaux ressorts narratifs son coeur de gameplay (un peu comme Life is Strange en fait).
Arborescence analogique
En tant qu’Oracle, Polly dispose d’un don de clairvoyance et c’est sur ce point que s’axe justement le gameplay. En effet, entre chaque scène, le jeu nous offre la possibilité de naviguer dans la Mantique. Une espèce de toile de ramifications scénaristiques à débloquer au gré de nos envies. Ça parait un peu compliqué dit comme ça, mais en réalité, le concept s’assimile très vite. Pour faire simple, entre chaque scène, vous allez pouvoir influer sur la suite des évènements en débloquant certains pans scénaristiques. Vous pouvez tout aussi bien avancer à l’instinct que la jouer plus stratégiquement pour espérer finir sur une conclusion à votre image.
Si vous optez pour ce choix, déjà bravo car c’est le principal intérêt narratif du jeu, autant en profiter à fond et ensuite, il vous faut savoir plusieurs choses. L’idée c’est que plusieurs embranchements sont dévoilés à l’avance. Toutefois, ils ne sont pas acquis pour autant. Par exemple, certains ne peuvent être joués qu’ à la condition d’avoir opté pour certains choix au préalable. D’autres ne se débloquent que si vous avez assez de points d’aspirations correspondants. Si on veut être tatillons, on parlera aussi de la la Mantique, pas toujours pratique en termes de navigation. Même en dezoomant au maximum, elle ne s’affiche pas toujours entièrement.
Toutefois, n’allez pas croire que le jeu vous offre le contrôle total sur les évènements. En effet, certains pans ne se dévoilent que lorsque d’autres sont joués. De plus, certains des noeuds narratifs vous seront bloqués dans certains chapitres, en fonction de ceux que vous aurez faits dans les chapitres précédents. Une représentation astucieuse du don de clairvoyance de Polly, qui ne peut donc pas totalement contrôler les rouages complexes de la destinée.
Un très bon passif
Autant le dire ici, mais si le light novel est un genre qui vous rebute, ce n’est pas Harmony qui risque de vous réconcilier avec. Comme on l’a déjà mentionné, le jeu s’accompagne inévitablement d’une certaine passivité qui pourrait lasser ceux qui préfèrent avoir un contrôle plus direct dans les jeux. En effet, vous ne prenez à aucun moment le contrôle de Polly ou de tout autre protagoniste du jeu. Votre seule implication consistera à faire avancer l’histoire par le biais de dialogues légèrement animés. Des séquences qui, sur Nintendo Switch mettent parfois du temps à se charger, même pour deux lignes de dialogues.
Une mise en scène qui constitue d’ailleurs l’un de nos petits points noirs du tableau. Si le chara design est franchement réussi, de même que les décors qui fourmillent de détails, le tout dans une ambiance animée 2D du plus bel effet, on n’aurait pas dit non à des animations un poil moins statiques. Ne serait-ce que pour atténuer l’effet de redondance qu’implique inéluctablement le concept même de son histoire.
Pour ce qui est de la rejouabilité, question inhérente au genre narratif, l’histoire offre assez de dialogues, de conséquences et de conclusions différentes pour inciter à la rejouabilité mais hélas, cette qualité est un peu ternie par cette mise en scène très minimaliste optée par Don’t Nod. Ce qui pourrait en lasser plus d’un et ne pas forcément inciter à y revenir. Cela dit, le soft propose à quelques occasions des pures séquences d’animées très bien travaillées. En revanche, dommage que les développeurs n’aient pas jugé bon d’intégrer un rappel des choix effectués dans les parties précédentes.
Lena, reine du son
Une fois n’est pas coutume, chez Don’t Nod, le travail sonore est aussi primordial que la narration. Harmony The Fall of Reverie ne déroge pas à la règle. Le jeu bénéficie d’un doublage d’excellente facture, qui parvient aisément à créer l’émotion nécessaire pour qu’on puisse se sentir impliqué dans le parcours de chacun des personnages.
À ces doublages de haute volée s’ajoutent les partitions de Lena Raine. La jeune compositrice, à qui l’on devait l’excellente bande-son de Celeste réalise ici encore une petite masterclass avec ses sonorités électriques et ses petites touches au piano. Elle accompagne à la perfection l’ambiance du jeu sans toutefois marquer autant que la bande-son qui a donné sa popularité à la compositrice.
Conclusion du test Harmony The Fall of Reverie
Avec Harmony The Fall of Reverie, Don’t Nod fait une entrée réussie dans le domaine du light novel. Sans révolutionner le genre, le studio apporte toutefois suffisamment de fraîcheur et des mécaniques intéressantes, tout en puisant dans ses propres expériences, avec une histoire bien plus riche que ne le laisse supposer son manichéisme apparent, pour lui donner un souffle relativement neuf. Il faudra aussi noter que Don’t Nod a pensé à tous les publics, avec l’intégration de l’écriture inclusive.
Pour ce qui est des non-adeptes, Harmony The Fall of Reverie ne devrait pas changer la donne. D’autant que le soft souffre de quelques soucis propices à hacher un peu trop le rythme de l’intrigue. Comme ses incessants temps de chargement sur Nintendo Switch ou sa mise en scène globalement minimaliste. Autrement, c’est une nouvelle petite pépite narrative qui vaudra largement ses 25 petits euros demandés.
Harmony The Fall of Reverie est disponible depuis le 08 juin 2023 sur Nintendo Switch et PC et sortira le 22 juin 2023 sur PS5 et Xbox Series.
Points forts
- Un récit aux petits oignons aux dialogues ciselés.
- Une approche originale du genre light novel.
- Une direction artistique chatoyante avec un chara design de premier choix.
- Durée de vie correcte (6 à 8h pour un run) et une bonne rejouabilité, 8 fins différentes.
- Un excellent doublage.
- Les musiques de Léna Raine.
- Un petit prix ( 24€99)
Points faibles
- Une mise en scène globalement minimaliste.
- Un gameplay passif qui ne plaira pas à tout le monde.
- Pas de rappel des choix effectués dans les précédentes parties.
- Des temps de chargement souvent longuets (sur Nintendo Switch)…
- …pour des séquences souvent très courtes.
- La navigation dans la Mantique, parfois laborieuse.