En 2000, Ridley Scott dépoussiérait le péplum avec Gladiator. Fresque épique acclamée par le public et auréolé de 5 oscars, c’est également le film de la consécration pour Russell Crowe, dont la quête de vengeance et les répliques sont restées dans toutes les mémoires. Si un Gladiator 2 est très vite évoquée, ce n’est que 24 ans plus tard que le projet débarque. Pour le meilleur ou l’empire ?
Gladiator 2 Bis Repetita
» Ne vous êtes-vous pas assez divertis ? N’êtes-vous pas assez rassasiés ? » Non, semble avoir pensé Ridley Scott quand il officialise en 2018 une suite pour son épopée culte Gladiator, alors que lui-même était initialement hermétique au projet. On aurait pu penser que la mort de Maximus aurait bloqué tout projet, mais non. Ici, on joue la carte de la continuité avec un nouveau héros. Et tant pis si Russel « Maximus » Crowe à rendu les armes, si le film ne s’appuie pas sur ses épaules, il s’appuiera à fond sur son héritage.
16 ans après les évènements de Gladiator, les derniers souhaits de Maximus n’ont à fortiori pas été exaucés. Rome est désormais gouvernée par 2 frères empereurs présentés comme cruels et sanguinaires. Pendant ce temps, en Numidie, Hanno (Paul Mescal), un jeune fermier, voit sa cité envahie par le général Acacius (Pedro Pascal) et sa femme tuée sous ses yeux. À partir de là, souvenez vous de Gladiator et vous savez quel chemin va prendre la destinée de Hanno, qui n’est peut-être pas celui qu’il prétend être.
On le comprend dès les premiers instants, mais Gladiator 2 cherche clairement à marcher dans les pas du premier film. Malheureusement, le film se débrouille pour faire presque tout moins bien, si ce n’est sur l’ampleur, tant dans les décors et la représentation de la Rome antique que les scènes, souvent grandiloquentes, de batailles. Mais attention, le film est loin d’être un ratage. Le résultat, disons le d’avance, est même plus qu’honorable pour une suite qui n’avait pas lieu d’être. Mais justement, cette suite n’avait effectivement pas lieu d’être…
Tu aimes les films sur les gladiateurs ?
Loin de nous l’idée de critiquer les inexactitudes historiques, mais il est vrai que la grandiloquence de certaines séquences (des requins dans le colisée…) prête à sourire. Mais on retiendra surtout qu’à 86 ans, des mandales de mise en scène comme ça, on n’en trouve pas à tous les coins de rue. Tant pis si ça doit attirer les foudres de quelques historiens qui ont confondu un film de Ridley Scott avec un documentaire fictif produit par National Geographic. Parce qu’il y a tellement d’autres choses à critiquer, sans pour autant complètement cracher dans la soupe.
Premier point, non, Paul Mescal n’arrive jamais à la hauteur de Russel Crowe. Il insuffle bien une rage et une volonté à son personnage, mais malheureusement, il faut bien dire ce qui est : l’acteur se révèle plutôt fade à l’écran et sa quête de vengeance ne tient pas la comparaison. Évidemment, nous ne pourrons pas donner tous les tenants et aboutissants ici, mais la mort de sa femme se trouve dans un contexte bien moins tragique que les proches de Maximus au temps du premier film.
Pire encore, il est même l’un des personnages les moins prenants du film. Surtout face à un Denzel Washington exceptionnel (un 3ème oscar se profile à l’horizon…) ou un Pedro Pascal dont l’arc narratif, un peu trop vite expédié, reste plus intéressant. Le problème vient aussi d’un scénario qui ne laisse pas assez de temps aux personnages de s’exprimer. Par exemple, les Empereurs Caracalla et Geta sont toujours dépeints comme cruels. Sauf que rien dans l’intrigue ne montre jamais vraiment ce point de vue. Et ce n’est pas dans les interprétations presque en roue libre (quoi que souvent exquises) de Fred Hechinger et Joseph Quinn que l’on trouvera cette subtilité.
Gladiator 2 marche dans l’ombre de son ainé
Si le scénario cherche à prendre des directions différentes de l’opus original, celui-ci ne fonctionne jamais aussi bien que lorsqu’il avance justement dans les pas de son ainé. Ce qui est très paradoxal, dans la mesure où Gladiator 2 ne parvient à avoir son identité propre. Pourtant, le film est loin de tomber dans le fan service facile. Quasiment toutes les mentions faites au premier film et à son héros mythiques apportent un certain souffle au récit.
Mais ce faisant, David Scarpa et Ridley Scott donnent aussi l’impression que cette suite devait continuellement se rappeler au premier film pour se donner une légitimité. Bien sûr que les évènements originaux devaient être pris en considération. Mais au point d’en reprendre une structure narrative similaire, embourbé dans un trop plein de sous intrigues politiques, peut-être pas.
Résumé de notre critique de Gladiator 2
Gladiator 2, c’est la suite que personne n’attendait et surtout que personne n’a demandé. Pourtant, Ridley Scott à finalement crû au projet et l’a élaboré avec David Scarpa, qui l’avait déjà assisté sur Napoléon. Finalement, Gladiator 2 n’a rien de la suite facile ou d’une aubaine se reposant sur le succès de son prédécesseur, jugé à juste titre comme mythique. L’ennui, c’est qu’il passe justement son temps à reposer sur ce mythe.
Ce ne serait pas un vrai souci si le long métrage le faisait tout en insufflant son identité propre. Et à trop se reposer sur ce mythe, le spectacle, si il n’est jamais franchement déplaisant, manque cruellement d’âme. Mais ne boudons pas totalement notre plaisir. Malgré ses tares, le film s’avère être une belle claque en terme de mise en scène. Il se dote d’une ampleur, dans sa construction technique, qui ferait passer l’opus original pour une pièce de fin d’année. Suffisant pour se divertir, telle la plèbe dans une arène de gladiateurs.
Gladiator 2, un film de Ridley Scott, avec Paul Mescal, Denzel Washington et Pedro Pascal. En salle depuis le 13 novembre 2024.