Critique Dune, deuxième partie : une suite plus dense et plus épicée

Dennis Villeneuve revient avec Dune, deuxième partie, suite du blockbuster aussi aride que contemplatif sorti en 2021 et tiré du roman éponyme de Frank Herbert, réputé inadaptable. Maintenant que les bases ont été posées dans tous les sens du terme, il est temps de voir vers quels horizons nous entraîne la quête de Paul Atreides dans ce « Dune 2« .

La star de Dune, deuxième partie, ce n’est ni Zendaya, ni Timothée.

Avant toute chose, il est important de préciser que votre auteur n’a lu aucun des romans ni vu aucune des œuvres adaptés à l’écran, si ce n’est la première partie tournée par le cinéaste canadien, désormais incontournable, notamment derrière la suite de Blade Runner et Premier Contact. Un état de fait qui n’empêche toutefois pas de saisir tous les enjeux et la richesse de la planète Arrakis, où se déroule un récit de quête messianique, reprenant plusieurs codes de prophéties contés dans diverses religions.

Ici, c’est le jeune Paul Atreides qui est perçu comme le Messie, celui qui va guider le peuple d’Arrakis vers la liberté. Un rôle qui permet au déjà prolifique Timothée Chalamet d’épaissir encore son rôle, gagnant en maturité et en prestance. Dans le précédent volet, Paul Atreides devait prendre le temps de se découvrir en tant que fils du Duc Leto Atreides (Oscar Isaac). Dans cette 2ᵉ partie, il se découvre en tant que Messie. Du moins, c’est comme cela que le perçoit en partie le peuple des Fremen, quand d’autres y voient un imposteur. Une divergence d’opinion qui sera au cœur du récit de Dune deuxième partie, un peu moins porté sur le contemplatif au profit d’une narration encore plus dense, sans perdre l’aspect grandiose et poétique de la première partie.

D’aucuns reprochaient ou admiraient la grande place accordée à l’univers par Dennis Villeneuve dans le volet précédent. Mais si cette suite laisse davantage de place aux personnages pour s’exprimer, il n’en reste pas moins que la véritable vedette n’est autre que la planète Arrakis elle-même. Filmée sous différents angles, belle et paisible sous le regard de Chani et Paul lorsque les deux personnages s’échangent un regard langoureux, mais aride et dangereuse lorsque la véritable destinée de Paul se manifeste au travers de visions prophétiques cauchemardesque, autant qu’une attaque des vers de sable.

Dune 2 Paul Atreides

Mais tel Paul Atreides chevauchant les rennes d’un de ces gigantesques Vers, Dennis Villeneuve dompte aussi bien ses personnages que sa planète, ne la rend jamais plus belle que plus dangereuse. De même que son héros prophétique se fait attendre comme le libérateur d’un monde, mais s’en sait aussi possiblement le destructeur. Le cinéaste traite tous ces éléments sans éluder le moindre questionnement ni laisser le moindre grain de sable gripper les rouages d’une histoire débordant de richesses, plus encore peut-être que dans n’importe quel récit de science-fiction.

Épopée virtuose, poétique et dense

Que les fans du premier volet se rassurent donc, ils retrouveront tout ce qui faisait la force du premier chapitre, tout en gagnant en densité. Néanmoins, peu de chances que cette place plus large laissée à l’action ne puisse totalement séduire ceux qui étaient hermétiques à ce chapitre précédent ou tout simplement au style de Dennis Villeneuve. Ce n’est pas la présence de nouveaux acteurs qui pourrait y changer la donne, quand bien même, le casting peut compter sur de nouveaux personnages qui brillent par leur prestance à l’écran. Bien sûr, on pensait précédemment (et toujours) à Rebecca Ferguson, dans le rôle de la mère de Paul, qui brille ici par son ambiguïté.

Mais ici, on va aussi et surtout penser à Austin Butler, révélé sous la caméra de Baz Luhrmann dans Elvis. Si son rôle transparait comme moins développé et porté sur l’ambiguïté que celui tenu par la star de Mission Impossible depuis le 5ᵉ film, il n’en reste pas moins que l’acteur transcende l’écran par son magnétisme et la terreur qu’il dégage à l’écran. L’acteur incarne ici le neveu sociopathe du patriarche des Harkonnen (Stellan Skarsgård, toujours aussi imposant) et brille par une présence peut être limitée, mais marquante dans toutes ses apparitions. Chani se voit aussi accorder plus de place, accompagnée par une écriture plus développée, même si en retrait par rapport à Paul. Zendaya s’impose néanmoins sans mal au milieu de tout ce casting.

Dune 2 Austin Butler

La beauté du film se trouve aussi dans sa plastique. À l’instar du premier volet, nous retrouvons des décors toujours aussi majestueux. La photographie met toujours autant en valeur le travail de Dennis Villeneuve, ses décors et son casting. Une mention là aussi particulière dès la première apparition d’Austin Butler, où les couleurs s’estompent pour laisser place à un délicat noir et blanc. Ce qui met tout particulièrement en valeur une jolie séquence de combat d’arène. Scène qui n’est pas sans rappeler un certain Gladiator. Villeneuve semble définitivement être un fan de Ridley Scott d’ailleurs, tant son « Dune 2 » comporte des moments qui ramènent à certains films du réalisateur culte d’Alien. La musique de Hans Zimmer, enfin, est toujours aussi majestueuse et donne le liant parfait à cette suite.

Et à l’instar du volet de 2021, Dune deuxième partie n’en oublie pas pour autant les enjeux qu’il y a à développer derrière. Il le fait tout en mettant la richesse de l’univers sur le devant de la scène et en rendant son film encore plus dense. En près de 3h de film, Dennis Villeneuve y parvient pourtant haut la main, aidé par ce choix d’avoir divisé en plusieurs parties son travail. Cela n’en reste pas moins exceptionnel et peu de films dans le domaine de la SF peuvent s’en vanter. Récit aussi épique et mystique que poétique, Dune deuxième partie est bien la suite que l’on pouvait espérer. Et on espère maintenant ne pas attendre trop longtemps pour avoir le fin mot de l’histoire. (spoilers : si, il risque d’y en avoir, dixit Denis Villeneuve himself)

Dune, deuxième partie : à voir exclusivement au cinéma depuis le 28 février 2024.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Maximus
Maximus
Quelque part, dans un des millions d'univers infinis qui composent notre multivers, je déteste les jeux vidéos. Je n'y éprouve aucun intérêt et pire, je me montre particulièrement condescendant envers les "gamers". Mais c'est un autre univers.

Articles Récents

Instant Gaming image
Dennis Villeneuve revient avec Dune, deuxième partie, suite du blockbuster aussi aride que contemplatif sorti en 2021 et tiré du roman éponyme de Frank Herbert, réputé inadaptable. Maintenant que les bases ont été posées dans tous les sens du terme, il est temps de...Critique Dune, deuxième partie : une suite plus dense et plus épicée