En 2015, Supermassive Games proposait avec Until Dawn une expérience cinématographique, véritable hommage au genre slasher, le tout avec un gameplay directement hérité des œuvres de David Cage. Près de 10 ans après, le jeu revient dans une version entièrement refaite sur PS5 et en profite pour se voir aussi porté sur PC. Que vaut donc cette expérience horrifique aujourd’hui ? Réponse avec notre test de Until Dawn.
Graphiquement parfait, techniquement à la ramasse
En 2015, Until Dawn brillait déjà par une proposition graphique de premier ordre. Le travail sur l’ambiance, les décors et surtout la modélisation des acteurs étaient alors exemplaires. Et si le titre passe toujours aussi bien en 2024, sa version PS5 lui est supérieure en tout point. Passé sous les capacités de l’Unreal Engine 5, qui remplace ici le moteur Decima utilisé sur le jeu original, on se retrouve, pour commencer, avec un rendu des éclairages et autres ambiances tout bonnement parfait. On regrettera peut-être l’absence d’un filtre pour reproduire l’ambiance plus « bleutée » du jeu original.
Mais force est d’admettre que le résultat, certes un peu plus chaud ici, reste plus réaliste et accentue davantage l’ambiance anxiogène et oppressante, et cette sensation de danger à chaque recoin. Les détails ont également été retravaillés, dans les décors comme dans les modèles de nos 8 protagonistes, qui ont ici une peau et des cheveux plus détaillés, et doit aussi beaucoup à la qualité des éclairages offerts par le nouveau moteur. Néanmoins, au rayon des regrets, on notera toujours cette propension à l’Uncanny Valley, particulièrement flagrant sur certains personnages, comme Jessica ou l’étrange psychiatre incarné par Peter Stormare. Un détail qui tranche paradoxalement avec l’excellent rendu des émotions et autres expressions faciales.
On se montre plus perplexe pour ce qui est de la technique. Déjà, le jeu ne propose pas de mode performance. Ce n’est pas un indispensable sur ce genre de jeu, mais pour un remake au prix fort, l’option n’aurait pas été de refus. D’autant que sa limite aux 30 FPS ne l’empêche pas de faire l’objet de pas mal de ralentissements. Ralentissements qui, à date, ne sont pourtant pas présents sur la version PS4 (oui, on a pris le temps d’y retourner pour une run entière). Alors, on peut concevoir que le RT développé sur le jeu demandait pas mal de ressources, mais au point d’avoir ce manque de finition, on a quand même un peu de mal à y croire.
Un film horreur de série B plus subtil qu’il n’y paraît
Sur le plan narratif, Until Dawn reste un jeu exemplaire pour qui aime le genre, même en 2024. Il faut dire que l’idée de mixer le genre horrifique à la sauce Quantic Dream avait déjà de quoi bien passer sur le papier. Sur la forme, Supermassive a mis les petits plats dans les grands. Le studio s’est offert les services d’un casting 4 étoiles, notamment composé de Rami Malek, Hayden Panettiere ou encore Brett Dalton et bien entendu Peter Stormare. Tous fournissent tous un excellent travail d’acting et créent au passage des personnages attachants, malgré (ou peut-être grâce à) leur côté cliché. Mais c’est tout particulièrement dans sa narration que Until Dawn se montre brillant.
L’histoire de base est un véritable clin d’œil assumé aux films horreurs de série B style « Souviens-toi… l’été dernier » Ce serait toutefois une erreur que de s’arrêter à ces éléments, qui sont encore une fois assumés, tant le jeu développe un lore assez profond, ce qui est inattendu pour ce genre de production. C’est d’ailleurs en prenant le temps d’explorer les divers lieux de cette montagne lugubre que le joueur prend pleinement conscience de la richesse de l’intrigue. Les rebondissements s’en retrouvent d’autant plus efficaces que la narration joue beaucoup sur le paraître et les faux-semblants.
En résumé, si vous vous contentez de suivre une ligne droite, alors oui, le scénario ne vous semblera peut-être pas plus développé. Mais Until Dawn nous rappelle à quel point un simple morceau de vieux journal arraché peut enrichir et approfondir un scénario. D’autant que l’histoire aborde dans sa deuxième partie des thèmes dont on n’aurait pas forcément soupçonné la présence en première partie. Bien sûr, cette narration brillante doit aussi beaucoup au gameplay passif, propre au genre narratif.
L’effet papillusion ?
D’ailleurs, on peut aussi revenir sur les autres points de ce remake qui améliorent l’immersion du joueur. Sur le plan narratif, on retrouve notamment une scène supplémentaire au début et une scène post-générique (une suite ???) mais globalement, elles n’apportent pas grand changement au jeu. Non, ici, ce sont plutôt les changements de caméras et les nouveaux plans de vues qui améliorent encore l’immersion.
La plupart des séquences sont filmées sous de nouveaux angles, propices entre autres à des jumpscares souvent prévisibles, mais efficaces. Puis exit la caméra fixe qui accentuait surtout le côté cinéma (même si le jeu est découpé en épisodes façon série TV) avec la nouvelle caméra 3ᵉ personne, Ballistic Moon propose une approche plus traditionnelle, mais néanmoins plus immersive encore, et ce, sans casser cette mise en scène très cinématographique. Certains apprécieront d’ailleurs les bandes noires du format 2:39 et le grain de pellicule, disponibles dans les options.
Pour ce qui est du gameplay, la proposition reste donc inchangée, nous sommes sur un jeu à choix/conséquences. La bonne nouvelle, c’est que ces choix sont loin d’être illusoires. Du moins, pas totalement Oui, la plupart du temps, les scènes restent inchangées et finalement, seul le destin des protagonistes varie. Mais le jeu insiste beaucoup sur la notion d’effet papillon et en effet, une décision mineure sur un coup de tête peut avoir des conséquences désastreuses plus tard.
Cette notion de conséquence passe également par des phases régulières de QTE. C’est notamment le cas lors de phases de courses, où notre héros/héroïne doit passer une série d’obstacles, en appuyant sur le bon bouton au bon timing. Parfois, il vous faudra aussi laisser la manette immobile. Un simple échec peut être le signe d’une mort irrévocable. Tout comme le chemin que vous choisissez lors de votre fuite. Courir jusqu’à la porte à quelques mètres ? Il vaut mieux peut-être se cacher dans le petit recoin à votre gauche. Vous voulez ouvrir cette trappe ? à vos risques et périls…
Résumé de notre test de Until Dawn
Soyons franc, si vous avez déjà retourné Until Dawn dans tous les sens, difficile de vous recommander cette nouvelle expérience, surtout au vu de son prix élevé, dans la mesure où la plus-value n’y est pas particulièrement importante. Néanmoins, on se doit de souligner l’excellente refonte graphique du titre, qui, avec les capacités d’éclairages de l’Unreal Engine 5 magnifie une ambiance déjà bien oppressante et lugubre. Certains changements comme la caméra 3ᵉ personne apportent également une nouvelle immersion. Si les modèles gagnent en détails, avec une peau plus fournie en textures, ce remake ne parvient pas à totalement se débarrasser de son aspect Uncanny Valley.
Techniquement aussi, le jeu n’est pas dénué de défauts, en cause notamment pas mal de ralentissements et l’absence d’un 60 fps, dispensable, mais appréciable. Pour ceux n’ayant jamais fait le titre, il s’agit toutefois d’une excellente porte d’entrée au genre, grâce à son hommage aux films horreurs de série B, un casting de haut vol, et son scénario allant souvent où on ne l’attend pas. Le tout proposant un gameplay passif, dont le moindre choix ou autre QTE raté pourra sceller définitivement votre sort, tel l’effet papillon. Une expérience au prix (trop) fort, d’autant que le titre original est toujours accessible et que ce remake n’a pas forcément choisi la date de sortie idéale.
Until Dawn est disponible depuis le 04 octobre 2024 sur PS5 et PC.
Les points forts :
- Une excellente refonte graphique (éclairages et rendus des visages en tête)
- Une caméra 3ème personne et de nouveaux plans qui améliorent l’immersion de l’expérience
- Un véritable hommage au genre slasher et films de série B
- Une narration pleine de surprises, au lore et aux thèmes plus fouillés qu’attendus
- Des choix avec de véritables conséquences…
- Un casting 4 étoiles pour un acting de qualité, en vo comme en vf…
Les points faibles :
- Techniquement un peu à la ramasse
- Pas indispensable pour quiconque a déjà fait et refait le titre sur PS4
- Toujours ce souci d’Uncanny Valley
- … même si ça se résume globalement à décider qui vit qui meurt.
- … malgré une synchro labiale qui gâche quelque peu le tout en vf.