Test Skull and Bones : pas d’abordage, mais loin du naufrage

La traversée aura été très longue pour Ubisoft, mais voilà, Skull and Bones est enfin arrivé à bon port. Après 60h à sillonner les mers, un constat : ce n’est pas le naufrage redouté mais il y a quelques vagues récalcitrantes sur le chemin. Notre test dans les lignes suivantes.

Pirates des Côtes d’Afrique

L’histoire de Skull and Bones a commencé en 2013. Cette année-là, la saga Assassin’s Creed sortait son « Black Flag« , qui ajoutait une mécanique de jeu novatrice par rapport aux opus précédents : les batailles navales. Le succès est tel que l’équipe du jeu, précisément celle en charge de la partie navale, est engagé pour développer un spin-off qui ne se concentrerait que sur les phases maritimes. Le projet est retardé plusieurs fois, de même que l’équipe de développement change souvent durant le processus. Mais après une gestation longue de dix ans, il est enfin temps de prendre la mer. Et ici, ce ne sont pas les Caraïbes que nous allons explorer, mais bien les océans des Indes Orientales, au début du XVIIIe siècle, en plein âge d’or de la piraterie.

Dans ce contexte, nous prenons le contrôle d’un matelot, survivant d’un bateau pirate un peu trop téméraire face à la flotte anglaise. Après une rencontre fortuite avec deux autres survivants qui ont décidé de faire de nous leur nouveau chef (parce que le scénario) et après un passage par la case personnalisation, qui fait largement le café, cap sur Sainte-Anne, où nous ferons la connaissance du kingpin local : John Scurlock. C’est là que notre véritable aventure commence. Notre but en tant que jeune moussaillon va donc être de réaliser diverses missions pour le compte de Scurlock et à terme, régner d’une main de fer sur tout un empire.

La narration de Skull and Bones n’a rien de bien passionnant, malgré quelques petits moments forts. Il s’agit surtout d’un scénario prétexte, mais on s’en accommode, puisque c’est souvent le propre des jeux services. Dans ce jeu service donc, nous allons devoir faire grimper notre taux d’infamie, qui se révèle même plus important que l’argent. C’est en effet notre niveau d’infamie qui va avant tout permettre de débloquer de meilleurs navires, équipements, etc. On va revenir en détails sur la manière dont se passe la gestion, mais il faut bien comprendre une chose, cet aspect gestion, en plus des batailles navales, sont le cœur de Skull and Bones. En cela, il joue dans une tout autre catégorie qu’un Sea of Thieves.

Skull And Bones Screenshot PS5

Les batailles navales au cœur de Skull and Bones

En effet, une fois que vous aurez remplacé votre petit rafiot (toujours bon pour partir à la pêche au requin), vous allez pouvoir commencer vos premières batailles à coup de canons. On le dit maintenant : les batailles sont une totale réussite. Que ce soit en termes de rendu à l’écran, mais aussi de stratégie, il y a un vrai travail qui a été fait sur ce point et on devine assez bien que les développeurs connaissaient effectivement leur sujet. Bien sûr, si vous affrontez un navire bien moins costaud que le votre, vous pouvez envoyer vos canons à l’aveugle, l’affaire est pliée.

Tenter de le faire sur un navire égal, en pleine tempête et rejoint par tout un petit régiment de navires, qu’ils soient marchands ou guerriers, c’est une tout autre paire de manche. De plus, les contrôles son assez intuitifs, puisqu’il vous suffit de tourner votre navire pour que l’arme équipé du coté ou il est tourné soit automatiquement activée. Enfin, 3 modes de vues sont proposés, histoire de varier les plaisirs lors de vos explorations maritimes. En mode combat par contre, dès lors que vous visez, vous passez automatiquement en mode « 1ere personne ».

Skull And Bones Screenshot PS5

Et la taille ne faisant pas tout, même un petit rafiot peut vous couler à sec. C’est pourquoi, il vaut mieux équiper son bateau du mieux possible. Il faudra donc jouer avec les différents navires que nous aurons au préalable débloqués, sachant qu’il en existe trois catégories (DPS, Tank et Soutien) ainsi que sur les équipements, la synergie avec nos navires et des protections. C’est en fait cet équipement qui permet de monter le niveau du navire. Une fois un navire ennemi suffisamment endommagé, on peut réaliser diverses actions contextuelles dont l’une d’elles est le fameux abordage qui fait tant jaser. Puisqu’en effet, comme certains le savent déjà, il n’y a pas d’abordage dans Skull and Bones, si ce n’est par le biais d’une petite cinématique.

Qu’on se le dise, cette absence ne nous a pas franchement posé de véritables problèmes. Bien sûr, on peut comprendre que certains auraient aimés et ça n’en aurait peut-être pas rendu le jeu moins bon mAAAAis… (vous l’avez ?) on se demande si, au vu de la redondance globale du titre, ça n’aurait pas joué en défaveur du rythme. Quand bien même, il faut bien se rendre compte aussi qu’on ne développe pas les mécaniques d’un jeu solo de la même façon sur un jeu multijoueur. À ce titre, la comparaison avec Black Flag, tout du moins sur cette mécanique, semble un peu biaisée. Mais en bref, comme on le disait, il n’y a pas d’abordage, nous n’y avons vu aucun problème. Cela dit, des manquements, il y en a indéniablement.

Skull And Bones Screenshot PS5

Skull and Bones baigne en eaux peu profondes

Si l’on a adhéré sans tracas à l’absence d’abordages, nous sommes un peu plus circonspects face au manque criant de profondeur dans le gameplay. Le jeu offre un panel de possibilités sur le fond. Mais sur la forme,  le jeu simplifie trop de choses à outrance. Sans forcément demander de combats au sabre (on sent que Skull and Bones a été pensé comme un jeu de gestion/batailles navales avant tout), on aurait aimé plus de profondeur dans les éléments déjà en place. Plus d’interactions avec les PNJ, de meilleures animations dans les cinématiques, plutôt que ces phases on ne peut plus statiques, des choix de dialogues qui aient un réel intérêt et surtout : un jeu moins dirigiste.

Car Skull and Bones est un jeu ou l’on est définitivement trop guidé. Que ce soit pour la récolte de ressources, la recherche de cibles, la chasse aux trésors… Pour ne parler que des chasses aux trésors par exemple, lorsque vous trouvez une carte, sur celle-ci figure un morceau de l’avant-poste où se trouve le trésor (parce que oui, c’est toujours dans un avant-poste), avec même une indication textuelle et un croquis indiquant encore plus en détails la position du trésor et si vous en doutez, une fois sur ledit avant-poste, une notification vous signale la présence d’un trésor.

Notez d’ailleurs que cette notification apparait y compris lorsque vous êtes sur une tout autre quête. Et on ne parle même pas des ressources, nécessaires à la fabrication de vos armes, navires et autres, ou là, on vous indique précisément l’endroit où les localiser sur la map. Certes, ça rend le jeu plus accessible pour certains mais ça joue aussi sur l’immersion. À ce niveau, Ubisoft aurait peut-être dû opter pour la création d’un mode « non guidé » comme dans Avatar, pour ne citer que lui). Tout cela est dommage car a coté, Skull and Bones propose un panel d’activités à faire. Des contrats, des chasses aux trésors, des missions « chasseur de primes », des investigations…  Même si ces missions se ressemblent toute un peu dans leur constructions.

Système de crafting un peu laborieux

Comme on le disait, plus que l’argent, c’est surtout le niveau d’infamie qui vous permet d’évoluer dans Skull and Bones, ce dernier vous donnant accès à des plans de fabrication inaccessibles en dessous certains rangs. Oui, nous parlons bien de plans et non pas des fabrication directement. Pour faire simple, pour fabriquer une arme, une protection ou un bateau ou tout autre outil, il vous faut d’abord obtenir le plan, clairement indiqué sur la carte (on vous à dit que le jeu prends beaucoup le joueur par la main ?). Une fois ce plan obtenu auprès d’un marchand local, il vous faut ensuite récolter les objets et une fois obtenu, là, vous pouvez fabriquer votre objet.

Au niveau du crafting, vous avez plusieurs options : Il y a certaines matières premières que vous pouvez récolter ou recueillir à la volée en passant devant les bonnes zones, pour le reste, vous pouvez soit piller les navires marchands ou bien en acheter auprès des localités indiquées, si vous ne choisissez pas non plus de piller ces dernières. Maintenant, imaginez le nombre de fois ou il faut répéter cette opération pour tout ce qui est débloquable dans le jeu… Ce qui vient un peu casser aussi le potentiel plaisir, au délà de cette redondance c’est que le titre est assez pauvre en interactions. Un petit point qui ajoute là aussi un poids aux problèmes d’immersion.

Un multijoueur qui prend un peu l’eau

Comme on l’a expliqué, Skull and Bones est un jeu qui peut se jouer seul, mais a aussi une composante multijoueur, dont on peut choisir de profiter ou non. Cet aspect du jeu est assez important dans le sens ou c’est précisément ce qui a pu empêcher, techniquement, la mise en place de certaines mécaniques, telles que l’abordage. Enfin, ça, c’est si ils ont abordé (haha) la question, mais qu’importe. Précisons au passage que nous parlerons du endgame dans un autre article. Le jeu propose du PvP, du PvE et du PvPvE. premièrement, vous ne pouvez pas attaquer les navires des autres joueurs suivant votre bon vouloir.

Vous ne pouvez le faire que dans le cadre d’évènements aléatoires. Une bonne idée qui permet ainsi de ne pas perdre sa cargaison quand on a pour seule volonté de voguer sur les 7 mers sans qu’un autre joueur ne vienne nous importuner. En outre, les événements PvP sont aléatoires. Il suffit alors de maintenir le pavé tactile pour y accéder et dès le moment où vous vous joignez à la mission (que vous pouvez quitter à la volée), vous pouvez devenir la cible d’un voire de plusieurs navires.

Ces évènements, actuellement au nombre de 3 selon nos comptes, donnent un objectif à suivre et pour lequel il faudra également lutter contre plusieurs autres joueurs en 1v1v1… Du moins ça, c’est quand d’autres joueurs daignent rejoindre l’event. Il nous est arrivé à bien des reprises de remporter plusieurs fois ces events dans la mesure où nous n’avions pas de concurrence en face…

Il y a également un mode coopération disponible, mais autant dire que si vous n’avez pas déjà votre groupe d’amis, c’est peine perdue. Combien de fois avons-nous demandé une intervention divine sans que jamais personne réponde présent ? Toutefois, rien n’empêche de prêter main forte dès lors que nous tombons sur un joueur aux prises avec toute une flotte. Vous l’aurez compris, le multijoueur de Skull and Bones manque de peaufinage et il conviendra dans le suivi du jeu d’améliorer ces points.

Skull And Bones Screenshot PS5

Un beau jeu mais…

Il est temps maintenant de venir sur l’aspect technique et graphique du jeu. Le développement a pris beaucoup de retard. Ne nous mentons pas, à l’arrivée, les artefacts, en sont quand même assez visibles. Néanmoins, il serait complètement injuste de totalement couler le jeu, car il a tout de même de solides arguments sur ce terrain. Pour commencer, on ose le dire : Skull and Bones offre le rendu d’eau le plus réaliste qu’on ait vu, de mémoire, dans un jeu vidéo (au moins sur la version PS5 que nous avons testé).

Que ce soit au niveau des vagues, la gestion du vent, leurs comportements lors des orages, les éclairages suivant le moment de la journée, la zone… La seule chose que l’on déplore à ce niveau sont les écumes avec un rendu assez douteux. Hormis ca, le jeu fourmille également de détails dans ses décors et bénéficient d’un travail particulièrement soigné grace à l’apport du Ray-Tracing, en mode qualité. C’est d’ailleurs là que l’on parle d’un point qui risque quelque peu de facher mais on ne peut decemment pas vous recommander le mode performance sur ce coup.

Ce dernier s’avère bien trop inégal par rapport au mode qualité mais en plus, autant dire que le jeu devient littéralement une bouillie de pixels flous dans ce mode, et on exagère à peine. Un petit mot aussi sur la bande-son qui parvient à totalement mettre dans l’ambiance avec des musiques aussi épiques que discrètes, les sons des combats navals, les chants marins de notre équipage… seule la VF souffle parfois le chaud et le froid mais globalement, elle fait le taf. Finalement, les problèmes graphiques sont à regarder du cotés des personnages, aux visages et expressions sortis d’un jeu de 2013 et de certaines textures asssez pauvres.

Conclusion de notre test de Skull and Bones

Pour commencer, non, Skull and Bones est très loin d’être le naufrage tant redouté. L’experience se révèle même plus satisfaisante que ce que nous ressentions dans la beta fermée. Dès lors que l’on accepte que Skull and Bones est avant tout un jeu de combats navals, evitant ainsi toute comparaison frontale avec Sea of Thieves, l’experience s’en révèle assez satisfaisante.  Les combats sont superbes à l’écran et il y a une vraie stratégie à mettre en place, en particulier face à des navires bien costauds. Il y a aussi une très bonne ambiance sonore et visuelle. Un visuel qui aurait d’ailleurs pu frôler l’excellence si le jeu ne souffrait pas d’artefacts révélateurs de son âge.

Hormis ca, pas mal de problèmes viennent saborder l’experience vraiment grandiose que Skull and Bones aurait pu être. Le manque global d’animations et d’interactions joue beaucoup contre l’immersion du joueur, tout comme le scénario, bien trop expedié pour réellement impliquer ce dernier. de plus, le jeu soufre d’un système de crafting assez laborieux dans l’ensemble, même si l’idée des plans n’est pas mauvaise en soi. Enfin, le multijoueur aussi souffre d’un manque de peaufinage. Quoi qu’il en soit, Skull and Bones possède des bases assez solides et il ne tient qu’a Ubisoft de tenir la barre et peut-être dans un avenir proche, faire de Skull and Bones l’experience immersive et profonde qu’il a totalement la possibilité d’être.

Skull and Bones est disponible depuis le 16 février sur PS5, Xbox Series et PC.

Points forts :

  • Des batailles navales très réussies
  • Techniquement et graphiquement solide ( éclairages, détails et rendu de la mer excellent)…
  • Le sentiment de montée en puissance de nos navires, grisant
  • Des quêtes et missions variées…
  • Très bonne ambiance sonore

Les point faibles

  • Un manque evident d’animations et d’interactions
  • Un scénario pas franchement prenant
  • Un gameplay qui manque de profondeur
  • …Malgré des textures et des visages pas toujours bien rendus
  • Mode performance bien trop pauvre sur le plan visuel
  • Le joueur est trop pris par la main
  • … Mais qui se ressemblent toutes
  • Mode multijoueur qui manque de peaufinage
Graphismes
75 %
Durée de vie
80 %
Gameplay
70 %
Histoire
40 %
Bande-son
90 %

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Maximus
Maximus
Quelque part, dans un des millions d'univers infinis qui composent notre multivers, je déteste les jeux vidéos. Je n'y éprouve aucun intérêt et pire, je me montre particulièrement condescendant envers les "gamers". Mais c'est un autre univers.

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