Sorti depuis le 08 octobre dernier, c’est peu dire que nous avions une certaine appréhension pour le remake de Silent Hill 2. Il faut dire que malgré l’expérience de Bloober Team dans le domaine de l’horreur psychologique, la communication de Konami n’a pas franchement aidé à donner une image rassurante de cette refonte. Mais maintenant qu’est venu l’heure de dévoiler notre test de Silent Hill 2, on peut le clamer non sans une once de honte : on s’est planté en beauté.
I see that town : Silent Hill
Va-t-on vous faire l’affront de vous présenter ce qu’est Silent Hill 2 ? Bien sûr que oui. Dans la mesure où la licence présentée comme le concurrent de Resident Evil (alors que tous deux jouent sur des tableaux complètements différents) a surtout connu son heure de gloire durant la première partie des années 2000. En sus, la série ne serait pas autant populaire sans cet épisode numéro 2 qui a marqué toute une génération de joueurs biberonnés aux films et série littéraires horrifiques.
Pourtant, ce test de Silent Hill 2 commençait comme une belle et tendre histoire d’amour. James, notre héros, se rince le visage dans des toilettes et un plan devenu iconique, prêt à se rendre à la charmante Silent Hill. Ville où lui et sa femme Mary se sont connus et ont à fortiori passé d’excellents moments. Cette dernière lui a très justement envoyé une lettre écrite de sa propre main, l’invitant à la rejoindre. Un point de départ touchant, si l’on n’omet pas que ladite femme est décédée 3 ans auparavant… Voilà, les bases sont maintenant posées. On peut désormais avancer dans ce brouillard aussi épais que le mystère qui entoure cette ville.
Pour ce remake de Silent Hill 2, le but de Bloober Team et Konami était de travailler de concert pour offrir un titre aux mécaniques modernes tout en conservant ce qui faisait tout le charme de l’opus original. Dans les grandes lignes, l’histoire, les personnages et les décors n’ont pas vraiment changé. Nous sommes désormais sur une caméra épaule à la Resident Evil, des lignes de dialogues ont été réarrangés et ajoutés, la ville offre de nouvelles perspectives d’explorations, les monstres sont plus nombreux, et la brume est aujourd’hui plus intense, mais ne sert pas du tout de cache-misère technique.
On avance dans le brouillard (et le noir) le plus total
Modernité oblige, Bloober Team a fait un travail d’orfèvre pour rendre sa ville morte plus vivante que jamais. Et notre constat commence dès que James sort de ces toilettes aussi poisseuses que la fille fantôme qu’il est sur le point d’arpenter. Dehors, les environnements sont très détaillés avec un remarquable travail sur les textures ou encore le rendu de certains éléments comme les flaques d’eau et leurs reflets. Mais bien sûr, on ne peut pas passer outre le fameux brouillard qui, sur PS5, rend très bien, bien qu’il soit en deçà en mode performance. Dans tous les cas, le rendu donne du corps et ajoute à ce climat anxiogène, parfois teinté d’une certaine mélancolie.
Toutefois, dommage que de petites lacunes techniques persistent. On a réalisé une bonne partie de notre test de Silent Hill 2 en mode performance, et si on peut passer outre les nombreux effets de clignotements/popping, il faut dire que la fluidité n’était pas toujours au rendez-vous. On doit en effet composer avec des chutes de fps assez visibles, notamment durant certains affrontements. Le mode qualité nous a tout de même semblé plus stable, en plus d’avoir un rendu plus détaillé sur les ombres et les reflets et surtout une brume plus poussée.
Notre James national aura aussi l’occasion d’arpenter d’obscurs lieux tels qu’un hôtel, un hôpital ou encore une prison, pour ne citer qu’eux. Des moments où l’on devra se contenter d’une lampe à faible luminosité pour avancer. Mais bien loin d’être un défaut, cette lumière faible joue un rôle similaire à la brume : créer envers le joueur un sentiment d’effroi et de claustrophobie constant. Et ça marche, surtout quand des monstres viennent nous surprendre aux détours de murs ou de jumpscares bien sentis. Au passage, on apprécie énormément cette idée d’une navigation vierge de tout Ath. Pour se repérer, James utilise une carte sur lequel il annote ses petits repères. Ce qui ajoute à l’immersion.
Il faut dire aussi que l’ambiance doit beaucoup à l’excellent sound design du jeu, que ce soit ces petits sons mystérieux dont on ne saurait deviner l’origine, les cris et autres bruits stridents des monstres que l’on croise ou encore cette maudite radio et son grésillement qui s’intensifie à mesure que l’on approche un monstre. Gare toutefois à ces tas de jambes assemblés, qui ont une fâcheuse tendance à se cacher pour mieux nous surprendre. Et en bonne complice, la radio limite bien entendu ses grésillements, alors mieux vaut tendre l’oreille, même avec un casque, que l’on recommande chaudement, pour une expérience la plus optimale.
Une narration toujours aussi prenante
Silent Hill n’est pas Resident Evil. Au-delà des thèmes respectifs abordés par les licences de Konami et Capcom, l’approche en termes de gameplay se veut par conséquent très différent. Encore plus depuis que la saga de Shinji Mikami a pris un virage davantage tourné vers l’action. Certes, les derniers épisodes numérotés sont revenus à un propos plus horrifique, mais nous ne sommes pas vraiment sur le terrain de Silent Hill, qui part sur un récit plus brumeux et d’une certaine manière, plus « calme. Évidemment, pour ceux qui ne l’ont jamais fait, vous comprendrez bien que l’on ne peut guère spoiler.
Mais disons qu’une fois le générique de fin affiché à l’écran, nous vous invitons à refaire le jeu. Pas seulement pour accéder à une des nombreuses fins et profiter du new game+, mais ne serait-ce que pour avoir un nouveau point de vue sur les diverses rencontres ou les tas d’évènements que vous vivrez en cours de partie. Comme lorsque vous regardez un bon thriller façon Shyamalan ou Hitchcock et qu’une fois le twist révélé, vous revisionnez le film pour voir les éléments que vous n’aviez pas su voir au premier visionnage.
Pour un gameplay quelque peu rigide
Et cette narration si intelligente soit-elle, servi qui plus est par un superbe casting, qui doit tant au rendu des visages/émotions qu’à la qualité des interprétations vocales (notons toutefois qu’ici, il a été question de motion capture) est accompagné d’un gameplay, dont la rigidité lui fait quelque peu défaut, même s’il s’accorde totalement au propos du jeu. De fait, James, qui n’est pas du tout un guerrier, peut quand même compter sur quelques armes pour se battre, dont une arme de mêlée, un pistolet ou encore un fusil à pompe.
Et une fois en combat, c’est surtout sur un système d’esquive simple, mais efficace qu’il pourra compter pour espérer s’en sortir. Cependant, si l’on comprend que le but est ici d’éviter les combats dès que possible ou qu’il est question de traduire la maladresse de James dans ses coups, on aurait aimé que ce soit fait avec un gameplay un peu plus varié. Une variété que l’on ne retrouve pas non plus dans les combats de boss, qui, en fin de compte, consistent à tirer sur eux une fois leurs patterns bien assimilés.
Un élément qui ajoute de la redondance à un titre qui en comporte déjà pas mal malgré lui. Oui, puisque là, il est question des énigmes. Elles sont franchement intelligentes et souvent retors. Mais le level design impose alors de repasser fréquemment par les mêmes endroits. Si ce n’est pas vraiment apparu comme un défaut pour nous, cela pourra vite donner l’impression à certains de tourner en rond.
Résumé de notre test de Silent Hill 2
À sa sortie initiale, Silent Hill 2 a marqué les esprits grâce à sa ville morte et brumeuse, aussi tortueuse que l’esprit de James et les locataires de passage. Et ce remake, nous l’avons redouté. Il faut dire que si elle était logique d’un point de vue marketing, la communication opérée par Konami n’était pas pour rassurer les fans de la première heure, nous y compris, alors que nous émettions de fortes réserves quant à la qualité finale de ce remake. Et contre toute attente, Bloober Team et Konami ont déjoué magistralement ces attentes.
Oui, le jeu pêche un peu par son gameplay rigide ou ses petites lacunes techniques. Mais Bloober Team a tellement su retranscrire le propos et l’ambiance, en modernisant juste ce qu’il faut pour ne pas trahir l’hommage promis, que l’on ne peut que s’incliner devant un tel résultat. Beau, détaillé, superbement écrit et pouvant compter sur une ambiance autant prenant dans son visuel que dans son habillage sonore, souligné par l’excellente musique d’Akira Yamaoka, nous n’avons qu’une chose à dire aux équipes : bravo et pardon d’avoir douté.
Silent Hill 2 est disponible depuis le 08 octobre 2024 sur PS5 et PC via Steam.
Points forts :
- Graphiquement, c’est du lourd, surtout en mode qualité…
- Un sound design exceptionnel
- Une narration subtile pour une histoire aussi effrayante que touchante
- Une ambiance malsaine, poisseuse, servi par des jeux d’éclairages et de brouillard saisissants
- Les compositions d’Akira Yamaoka
- Les émotions des personnages qui transparaissent à la perfection
- L’excellente performance et doublage des acteurs et actrices (uniquement en anglais sous-titré français)
- la rejouabilité, qui offre une nouvelle relecture
- Un gameplay en adéquation avec le propos du jeu…
Points faibles :
- … un peu moins techniquement, surtout en mode performance
- Des allers-retours qui peuvent se montrer redondants
- on aurait aimé des approches plus variées dans les combats
- … mais qui n’en est pas moins un peu trop rigide