Test Ghost of Yōtei : Une fable féodale

Le voici enfin! Après 5 années d’attente depuis son ainée Ghost of Tsushima (notre test ici), Sucker Punch revient avec Ghost of Yōtei. Un nouvel opus annoncé qui ne cherche pas à prolonger l’histoire du premier protagoniste Jin Sakai, mais à proposer une autre expérience. Exit Tsushima, place aux terres glacées et impitoyables d’Ezo, où notre jeune guerrière Atsu part en quête de vengeance. Porté par une direction artistique impressionnante, le petit frère réussit-il à dépasser son aîné ? Voici le verdict dans notre test de Ghost of Yōtei.

C’est Yōtei, c’est-bat, c’est-in

Avec Ghost of Yōtei, le studio Sucker Punch revient explorer les racines du Japon féodal, mais cette fois en troquant les champs fleuris de Tsushima pour les terres d’Ezo, dans le nord du pays. Présenté comme une suite spirituelle de son frère ainée, ce nouveau chapitre se situe dans le Japon du XVIIe siècle, soit environ 300 ans après Ghost of Tsushima. Le jeu suit Atsu, une mercenaire solitaire en quête de vengeance. Après avoir survécu à l’attaque de la bande des Yōtei Six, qui a tué sa famille et l’a laissée pour morte, elle revient dans la région d’Ezo (actuelle Hokkaidō) avec une liste de six noms à éliminer : Le Serpent, L’Oni, Le Kitsune, L’Araignée, Le Dragon et le Seigneur Saito.

L’ambition est claire : offrir un monde plus rude, une narration plus personnelle, et un gameplay enrichi, sans pour autant trahir l’héritage de son prédécesseur. Mais entre ambition visuelle, nouveautés mécaniques et quelques lourdeurs persistantes, Ghost of Yōtei parvient-il vraiment à surpasser Tsushima ?

Dans la lignée de son prédécesseur, le premier atout qui saute aux yeux est sans conteste la direction artistique, à couper le souffle. Chaque recoin de la région d’Ezo respire la maîtrise visuelle : tempêtes de neige dynamiques, jeux de lumière dorée sur les forêts givrées, ambiance sonore feutrée… le tout crée une atmosphère aussi poétique qu’oppressante. Là où Tsushima était une ode à la couleur et à la nature vivante, Yōtei impose un Japon gelé, figé dans le temps, où chaque trace dans la neige raconte une histoire. Sur PS5, les textures sont ultra nettes, les animations de combat fluides, et les effets météo ajoutent une profondeur rare au décor.

Une aventure Oni-rique

Narrativement, le jeu s’éloigne du récit “héroïque” de Jin Sakai pour se concentrer sur une trame plus intimiste et tourmentée. Atsu, marquée par une tragédie d’enfance, porte sa mission avec une gravité qui donne à chaque scène une tension palpable. Son voyage n’est pas seulement physique, il est intérieur : rongée par le doute, confrontée à d’anciens alliés ou ennemis, elle explore autant le paysage que sa propre humanité. Cette approche plus psychologique donne lieu à des dialogues mieux écrits, des choix moraux plus ambigus, et un rythme qui, malgré sa lenteur assumée, impose un vrai poids émotionnel.

Concernant la mise en scène de Ghost of Yōtei se distingue par une maîtrise impressionnante de l’atmosphère et du rythme narratif, qui plonge immédiatement le joueur dans un Japon féodal à la fois mystique et brutal. Le jeu adopte une approche cinématographique raffinée, où chaque plan semble composé comme un tableau : les cadrages soignés, les jeux d’ombre et de lumière, les panoramas silencieux du mont Yōtei enneigé ou des forêts embrumées créent une ambiance contemplative et envoûtante.

Mais cette beauté visuelle ne sacrifie jamais la tension dramatique, elle la renforce même. Les séquences d’action sont chorégraphiées avec intensité, alternant moments de calme oppressant et explosions de violence stylisée, toujours soutenues par une mise en scène immersive. Les transitions entre passé et présent, les visions spectrales et les silences pesants donnent au récit une profondeur émotionnelle saisissante.

Yōtei, au sommet de son art ?

Enfin, les filtres visuels inspirés du cinéma japonais que l’on peut choisir au début du jeu (le mode Kurosawa  en noir et blanc) permettent au joueur d’adapter l’ambiance à sa sensibilité, renforçant le lien entre le fond et la forme. L’ensemble donne au jeu une identité forte, à la fois artistique et viscérale, où chaque scène raconte quelque chose sans forcément utiliser de mots. En somme, un bel hommage au cinéma japonais. Une réussite totale de ce côté.

La bande‑son qui nous a accompagné lors de notre test de Ghost of Yōtei a joué un rôle central dans notre périple. C’est une franche réussite pour l’identité du jeu, mêlant tradition japonaise et influences modernes pour soutenir autant l’émotion que l’action. On y retrouve l’usage d’instruments traditionnels qui ancrent immédiatement l’atmosphère dans un Japon ancien et mystérieux, mais jamais au détriment de la dynamique : les percussions et les cordes montent en tension lors des combats, quand les mélodies se font plus douces en exploration ou pendant les moments de calme.

Entre ombre et lumière

Un des points forts est le mode Watanabe qui propose une sélection de morceaux lo-fi souvent associée à des ambiances relaxantes tout en conservant une patte qui s’accorde au monde du jeu. On note aussi qu’il y a des moments de silence — pas de musique du tout — où le bruit du vent, des pas dans la neige ou d’autres effets sonores suffisent à créer une émotion forte. Ces instants de rupture renforcent le contraste avec les scènes plus orchestrées. En somme, la bande‑son ne se contente pas d’accompagner l’action : elle la commente, la devance, voire l’anticipe, et contribue beaucoup à l’immersion et à la puissance dramatique du récit.

Que dire des doublages. Lors de notre test de Ghost of Yōtei, nous avons pris plaisir à parcourir le jeu en version originale Japonais sous titré en français. Un régal pour nos esgourdes. Une note parfaite pour le travail des acteurs sur le jeu. Les intonations sont toutes réussies et le côté cinématographique est très bien retranscrit. L’émotion du personnage d’Atsu est présente à chaque scène.

Yōtei, au sommet de son art ?

Parlons maintenant du gameplay de Ghost of Yōtei. Celui-ci s’inscrit dans la continuité de celui de Ghost of Tsushima, tout en y apportant des ajustements marquants qui ajoute un aspect surnaturel à l’expérience. Le système de combat gagne également en richesse grâce à l’introduction de nouvelles armes (yari, odachi, doubles katana) et à une IA ennemie plus agressive.

Là où Tsushima misait sur un équilibre entre infiltration et combat honorable, Yōtei pousse davantage vers une approche plus brutale et plus libre. Le système de combat est plus lourd, plus méthodique : chaque coup porte du poids, les esquives demandent un vrai sens du timing, et la moindre erreur peut être fatale, ce qui renforce la tension des affrontements. Le tout en restant fluide et nerveux. L’ajout de pouvoirs liés au statut d’Onryō (esprit vengeur) transforme profondément les possibilités pendant les combats du jeu. Terroriser les ennemis, ralentir le temps, autant d’outils qui diversifient les approches tactiques et donnent au joueur un sentiment de puissance presque surnaturelle.

Le système de parkour a également été amélioré, rendant l’exploration plus fluide et plus gratifiante. Enfin, l’environnement réagit davantage aux actions du joueur, et certains choix de gameplay influencent l’atmosphère ou les réactions du monde qui l’entoure, là où Tsushima restait plus rigide sur ce point. Ghost of Yōtei propose donc une expérience plus sombre, plus intime, et plus audacieuse dans ses mécaniques, tout en respectant les bases solides de son prédécesseur.

Ghost of Yōtei manque parfois de maitrise

Malgré ses réussites, Ghost of Yōtei n’échappe pas à plusieurs défauts de conception qui empêchent l’expérience d’atteindre l’excellence absolue. Le plus notable reste une forme de répétitivité dans certaines quêtes annexes. Si les premières missions secondaires captivent par leur ancrage dans le folklore local, la suite s’essouffle parfois dans des objectifs trop classiques : éliminer un camp, protéger un village, retrouver un objet volé… Une impression de déjà-vu qui alourdit le rythme et contraste avec l’écriture plus soignée de la quête principale.

Autre bémol : la caméra en combat, qui peine à suivre l’intensité des affrontements les plus chaotiques. Lorsqu’on affronte plusieurs ennemis en milieu fermé ou en terrain irrégulier, la lisibilité chute, et certains combos sont difficilement exploitables. Si la fluidité générale reste très correcte, quelques animations d’ennemis ou des bugs de collisions viennent ternir l’élégance visuelle par moments, rappelant que le jeu, malgré sa beauté globale, n’est pas exempt de soucis techniques. Mais cela reste rare et ne ternit pas l’ambiance générale ni le gameplay du jeu.

Entre deux souffles

Enfin, certains joueurs pourraient reprocher à Yōtei un manque de prise de risque radicale. Bien qu’il enrichisse le modèle de Tsushima, il en reste proche dans son squelette : exploration de zones, collecte d’items, points de vue à découvrir, et systèmes de progression familiers. Ceux qui espéraient une refonte complète de la formule risquent donc de rester un peu sur leur faim, malgré les améliorations indéniableles.

Côté durée de vie Ghost of Yōtei, se trouve assez généreux, tout en restant dans la tranche haute des open world. La campagne principale se complète environ aux alentours de 25 à 30 heures si on suit l’histoire sans trop s’attarder. En incluant les quêtes secondaires comme les primes, les récits, l’exploration des zones ainsi que quelques activités facultatives, le temps de jeu monte à environ 50 heures.

Et pour les joueurs qui visent le platine, le “100 %” ou la complétion exhaustive (collectibles, défis, trophées cachés…), on peut tabler sur 60 à 65 heures voire plus selon le style de jeu, la difficulté choisie, et le temps passé à s’imprégner du monde (ambiance, photographie, exploration).

Conclusion de notre test Ghost of Yōtei

Ghost of Yōtei est une réussite incontestable sur bien des plans : visuellement éblouissant, plus profond émotionnellement, plus dense dans ses combats et son écriture, il incarne ce que doit être une suite moderne — respectueuse de son prédécesseur, mais pas figée dans son ombre. En proposant un ton plus grave, un personnage principal plus nuancé, et un monde qui respire l’hostilité autant que la beauté, le jeu élève le niveau de la franchise.

Mais cette réussite est aussi tempérée par des défauts structurels connus : une certaine redondance dans le contenu annexe, une caméra parfois capricieuse et une timidité dans l’évolution de certains systèmes hérités du passé. Yōtei ne révolutionne pas le genre, mais il le sublime par touches subtiles, sans céder à la surenchère tout en gardant sa propre identité.

En définitive, Ghost of Yōtei n’est pas un simple successeur à Tsushima. C’est un jeu plus froid, plus mélancolique, mais aussi plus mûr. Il n’offre pas toujours la surprise, mais souvent baigne plus profondément dans l’émotion. Et dans ce paysage enneigé, c’est peut-être la plus belle des réussites.Ghost of Yōtei

Points Positifs

  • Gameplay enrichi et jouissif…
  • Direction artistique magnifique
  • Narration et écriture très mature
  • Monde ouvert vivant et organisé
  • Bande-son immersive

Points Négatifs

  • …Avec encore quelques possibilités pas exploité
  • Quêtes secondaires redondantes
  • Caméra capricieuse lors des combats

Ghost of Yōtei est sorti le 02 octobre 2025 exclusivement sur PS5.

Graphismes
95 %
Durée de vie
92 %
Gameplay
86 %
Histoire
90 %
Histoire
96 %

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Râ222
Râ222
Gamer depuis tout petit, fan de cinéma et de pop culture en général, je joue à d'innombrables jeux vidéos de tout styles différents. Si seulement je pouvais allonger les journées pour pouvoir réussir à tous les terminer ! Malheureusement sans cela, c'est Mission impossible. Master system, NES, Game Boy Color, PS2 à PS5, Switch, etc... Beaucoup de consoles sont passées entre mes mains. Une chose est certaine : le plaisir et l'envie reste inépuisable.

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