Aujourd’hui en exclusivité, l’équipe d’Actu Geek Gaming (AGG) vous propose une interview de Nicolas Meyssonnier (NM), créateur de Pumpkin Jack. Nous avons abordé des points sur le jeu en lui même, ainsi que son développement. Nous vous laissons découvrir tout ceci sans plus attendre.
Interview de Nicolas Meyssonnier : le parcours du créateur
AGG: Avez-vous fait des études dans le développement ?
NM: J’ai en effet fait 2 années de BTS Services Informatiques aux Organisations (SIO) où j’ai pu confirmer quelques connaissances. Mais je ne dirais pas que c’est en BTS que j’ai appris à développer, c’était plutôt les 5 années précédentes où j’ai passé le plus clair de mon temps libre à m’amuser sur des petits sites web codés à la main.
J’ai essentiellement appris à programmer sur Internet, grâce à YouTube et quelques sites (à l’époque le Site du Zéro) puis je me suis tourné vers des tutoriels qui parlaient d’Unreal Engine.
AGG: Avez-vous utilisé un autre logiciel que Unreal Engine ?
NM: Très peu. J’ai eu l’occasion de travailler pendant un an sur oEngine, un moteur privé développé par oSome Studio où j’ai pu approfondir mes connaissances sur le fonctionnement des moteurs de jeux.
Je ne me suis jamais intéressé à Unity bien qu’on me l’ait de nombreuses fois conseillé. Je trouve Unreal Engine très développé, très puissant et finalement plutôt accessible.
AGG: Est-ce votre métier de créer des jeux vidéo ? Sinon, voulez-vous devenir à terme développeur de jeux vidéo ?
NM: Je pense que finalement, oui, mon métier est devenu créateur de jeu vidéo. Çà m’est un peu tombé dessus, comme ça, en faisant juste ma passion le soir après les cours ou le travail. Aujourd’hui, je suis à temps plein sur le projet et j’ai assez d’économies pour vivre sans travailler jusqu’à la sortie du jeu.
Je pense qu’après Pumpkin Jack, je me lancerai dans un second jeu. Mais si je n’ai pas les fonds suffisants, j’essaierai de rejoindre une entreprise dans le milieu et je continuerai à travailler sur mon temps libre.
AGG: Combien de temps avez-vous mis ou pensez-vous mettre pour terminer le développement du jeu ?
NM: J’ai mis 4 ans pour développer le jeu, mais c’est en fait un peu plus complexe que ça. D’abord, j’ai passé 2 ans à apprendre Unreal Engine et à faire des petits prototypes sans intérêts (mais toujours dans le même univers que Pumpkin Jack) puis je me suis lancé dans ce qui était alors à l’époque Curse of The Scarecrow. Je me suis beaucoup attaché à ce projet et cet épouvantail m’inspirait.
J’ai donc développé Curse of The Scarecrow pendant un an, puis je me suis rendu compte que le nom était nul et je l’ai changé pour Pumpkin Jack. Je me suis également rendu que tout le jeu était nul, j’ai donc décidé de le recommencer depuis le début et… ça a marché!
Ainsi est donc né Pumpkin Jack, une sorte de remake d’un jeu qui n’avait rien donné, mais qui m’inspirait tout autant. Puis, en un an, j’ai commencé à faire des niveaux qui me plaisaient vraiment, et à les enchaîner jusqu’à faire un jeu complet.
Je pense qu’il me reste encore quelques mois de travail pour terminer totalement le jeu, puis viendra alors la phase de polish et la phase où j’ajoute tous les contenus supplémentaires qui ne font pas partie du jeu directement (les différentes langues, les menus d’options, etc.).
Quelques conseils pour développer son jeu vidéo
AGG: D’après vous, quelles sont les qualités requises pour réussir à développer son jeu en solo ?
NM: Qualités… et défauts! Il faut une sacrée détermination et une obsession vraiment forte pour tenir le coup sur une aussi longue durée (je travaille en solo sur Pumpkin Jack depuis bientôt 4 ans). J’ai régulièrement dû mettre de côté les petits plaisirs ou certaines sorties pour pouvoir continuer à développer.
Je dirais aussi qu’une certaine “passion” est indispensable. Je suis très inspiré par mon propre jeu, l’univers me plaît énormément et j’arrive à imaginer sans cesse de nouvelles scènes, décors etc. Je pense que cette passion peut venir très facilement quand vous travaillez sur un univers qui vous correspond et vous rend créatif.
Si je devais donner un conseil pour trouver un univers qui vous correspond, je vous dirais d’abord de penser à ce que vous aimiez quand vous étiez petit et de solidement vous attacher à cet enfant trop créatif que vous étiez.
AGG: Comment ça se passe le développement d’un jeu pour vous ?
NM: Bien, puis mal, puis bien, puis mal, puis bien.
C’est tout un tas d’émotions dans tous les sens (je suis quelqu’un d’assez émotif) et de rebondissements à tout va. Je ne pensais pas qu’en me lançant là dedans je vivrais une telle aventure de hauts et de bas (j’espère pouvoir la raconter un jour).
C’est aussi tout un tas d’inattendus, je me retrouve sans cesse à me dire “c’est bon, cette fois, j’ai toutes les clés en main, je peux tout faire moi-même” puis surgit soudain quelque chose de nouveau à apprendre, dont on ne s’y attendait pas du tout. Je peux prendre comme exemple le marketing qui m’a sauté au visage, et je n’avais rien vu venir. J’ignorais que ça pouvait représenter une aussi grande masse de travail.
Un autre exemple serait le développement/portage sur console du jeu, où je me disais que tout se passerait bien jusqu’à ce que je mette en fait le nez dedans.En fin de compte, développer un jeu seul, c’est une aventure monstrueuse et une évolution constante en plus d’être extrêmement chronophage.
Finalement, je ne regrette rien, et si c’était à refaire, je le referais (qui ne le ferait pas?).
Des informations sur Pumpkin Jack
AGG: Si les rumeurs sont exactes, votre jeu devrait sortir à la fin de l’année 2020. Si tel est le cas, sortira-t-il sur les nouvelles plateformes (PS5, Xbox Series X), ou restera-t-il sur les actuelles ?
NM: En effet, le jeu devrait sortir vers Halloween 2020, pour retrouver un peu l’esprit fantasmagorique de la saison. Le jeu devrait sortir sur xBox One, PS4, Switch et PC. Je ne peux malheureusement rien confirmer concernant les nouvelles consoles.
Travailler en tant que solo-dev est une chose, mais il en est une autre quand il s’agit également de faire les portages console soit-même. Chaque console me prend un temps fou et m’offre des grosses prises de tête et mon emploi du temps est déjà bien rempli avec les 3 consoles déjà annoncées.
Cela dit, c’est déjà un immense honneur pour moi, à 22 ans, de voir mon premier jeu sortir sur les 3 plus grosses consoles du marché et j’en suis très fier!
AGG: Pourquoi avez-vous décidé de créer un protagoniste potentiellement mauvais qui a la sinistre mission de tuer le magicien censé sauver les humains ?
NM: Je pense avoir vu trop de jeu où on incarne le gentil contre les gros méchants… alors je me suis demandé si ne pouvais pas inverser les rôles pour une fois.
Le problème de cette situation est l’intervention des personnages alliés du joueur… au début, je voulais que tout le monde soit méchant et que les méchants se battent entre eux également. Mais en faisant ça, impossible de créer la moindre relation intéressante et tous les personnages devenaient alors éphémères. J’ai ainsi donc créé des personnages méchants mais qui sont gentils avec Jack, qui est lui-même méchant, et qui lui viendront en aide à plusieurs reprises dans le jeu.
Étonnamment, ce processus n’est pas choquant et le joueur n’a finalement pas l’impression d’être aidé par des faux méchants.
La question de la fin
AGG: Avez-vous d’autres projets en tête ? Si oui, pouvez-vous nous en parler ?
NM: Bien sûr! J’aimerais énormément travailler sur un projet très semblable à Pumpkin Jack mais sur le thème du Far West, en coop. Également, j’aimerais me lancer dans un projet secondaire de jeu VR vraiment axé sur l’aspect fun et gameplay du jeu car je suis pour le moment assez déçu du marché des jeux VR.
L’interview de Nicolas Meyssonnier, qui fut très enrichissante, est terminée. L’équipe d’Actu Geek Gaming le remercie grandement pour sa participation. Comme vous avez pu le lire, nous attendons Pumpkin Jack avec impatience pour cet automne.
