Critique Suzume : Un nouveau chef-d’œuvre pour Makoto Shinkai ?

Un garçon et une fille que presque tout oppose, des couleurs pétantes dans un ciel d’un bleu éclatant, la nature et ses caprices naturelles… Oui, nous sommes bien en présence d’un film de Makoto Shinkai. Après Your Name, véritable séisme émotionnel qui a fait naitre sa réputation et Les enfants du temps, qui a confirmé sa position de nouveau maître dans le paysage du cinéma d’animation, voilà que ce dernier revient avec Suzume. Un film qui s’est payé le luxe d’être en compétition à la Berlinale (une première depuis Le voyage de Chihiro, en 2001). Nous avons l’avons découvert à l’occasion des nombreuses avant-premières organisées la semaine dernière et on vous dit tout le bien qu’on en a pensé dans notre critique de Suzume

Suzume porte lac ruines

Suzume fait une entrée par la petite porte

Suzume est une adolescente de 17 ans qui vit avec sa tante dans une petite bourgade paisible de Kyūshū. Un jour, elle croise un étrange jeune homme en chemin. Ce dernier, Sōta, lui demande si elle y aurait vu une porte. Tenant debout, au milieu d’un tas de ruines, cette porte n’en est qu’une parmi d’autres et sert en fait de passerelle entre deux mondes.  Sōta est un « verrouilleur » qui a pour mission d’empêcher les catastrophes naturelles de s’échapper de ces mondes inconnus. C’est ainsi que débute pour les 2 héros un long voyage à travers tout le Japon. Un périple à la poursuite d’un chat facétieux et de portes à refermer. Mais surtout d’une quête épique pour la jeune Suzume, au-delà de l’espace et du temps.

On va commencer cette critique de Suzume avec un point noir : le film a beau avoir une intrigue très excitante sur le papier, elle commence tout de même par une faiblesse scénaristique. Il use en effet d’une énorme ficelle pour faciliter son démarrage. Oui, les personnages de Makoto Shinkai suivent généralement des destins exceptionnels mais là où les héros de Your Name et Les enfants du temps se laissaient comme emporter sur le fleuve de leur destinée, Suzume semble un peu ramer pour pousser la barque.

Si on en parle maintenant, c’est pour une raison qui devrait rassurer les fans du réalisateur : C’est bien là une de ses rares faiblesses, et on a envie de s’en débarrasser maintenant. Car Suzume est encore une fois un chef-d’œuvre, qui convoque toutes les thématiques favorites de Makoto Shinkai. Le petit plus cette fois ? Un sens du spectacle que même ses deux précédents films ne nous montrait pas.

Une quête pour le deuil et l’accomplissement de soi

On a beau manquer légèrement d’indulgence sur la manière dont Suzume provoque son destin, il reste toutefois nécessaire pour le bon développement de l’intrigue. Une intrigue qui, aussi spectaculaire et rythmée soit-elle, n’en met pas de côté son principal intérêt : Celui de permettre à la jeune femme de s’émanciper, de comprendre son passé et d’accepter le deuil. L’action du film prend place en 2022, 10 ans après une introduction nous présentant une toute jeune Suzume. Une période non choisie au hasard, qui prend un sens tout particulier lors d’une révélation liée au passé de cette dernière.

Avant cette conclusion, mélange de tragédie mais aussi d’optimisme, c’est un véritable road trip qui attend la jeune fille. Très souvent teinté d’humour et rafraichissant à plus d’un titre (la chanson diffusée à la radio lors d’un long trajet en voiture devrait en faire frémir certains de plaisir…), le voyage entrepris par Suzume et Sōta est teinté de séquences plus spectaculaires et poétiques les unes que les autres. Si Makoto Shinkai nous avait déjà séduit avec son esthétique reconnaissable entre 1000, il atteint ici un nouveau palier. À la beauté de ses images, parfois ponctué d’une légère touche de 3D fluidifiant l’action s’ajoute un côté épique bien plus prononcé qu’auparavant.

Suzume- Sota

Des personnages secondaires sous-développés mais…

On ne peut pas aborder cette critique de Suzume sans parler de ses personnages. Makoto Shinkai accorde beaucoup d’importance à tous ses personnages et aux liens qui les unissent. Mais ici, on ne pourra peut-être pas totalement affirmer la même chose. Et c’est son autre et (et dernière) principale faiblesse. Tous restent attachants, y compris les rencontres ponctuelles de l’héroïne mais force est de constater que quasiment tous ne bénéficient pas de son développement. Un point que l’on regrette un peu plus du côté de Sōta, presque aussi passionnant à regarder qu’une chaise (on exagère mais c’est pour le plaisir de glisser une référence que vous comprendrez sans mal) et bien moins du côté de la tante de Suzume, qui se voit offrir une écriture plus appuyée et qui permet une relation plus intéressante.

Néanmoins, tous ces personnages, qu’importe leur développement parviennent à servir d’appui pour Suzume. Une héroïne  forte, mue par une volonté d’affronter son passé et d’accepter sa destinée et qui de fait, truste la première place des meilleurs personnages écrits par le cinéaste et une des meilleures personnages féminins du cinéma d’animation de ces dernières années.  Même s’il est de toute façon trop humble pour le déclarer, c’est peut-être parce qu’il l’a lui-même senti que pour la première fois, Makoto Shinkai a donné le nom de l’héroïne à son film ?

Suzume - tante

Conclusion : Suzume est un chef-d’œuvre aussi émouvant que poétique et spectaculaire

Pour conclure cette critique de Suzume, si on ne connaissait pas Makoto Shinkai, le début nous aurait davantage fait tiquer. Mais ce n’est qu’une goutte de faiblesse dans l’océan de qualité que nous offre son dernier film. Et cette faiblesse, qui s’avère être l’une des rares du film ne suffit pas à enlever à Suzume ce qu’il est : Un film d’animation touchant, beau et spectaculaire, souvent drôle et plein de fraicheur. Un troisième grand film animation qui lie les thématiques courantes du cinéaste à certains faits réels, ancrant plus que jamais le récit dans notre véritable quotidien. Il a beau trouver la comparaison exagérée et trop flatteuse pour lui, ce n’est pas avec ce film que les fans vont cesser de le comparer au grand Hayao Miyazaki, réalisateur phare des studios Ghibli.

Suzume sortira le 12 Avril 2023 au cinéma.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Maximus
Maximus
Quelque part, dans un des millions d'univers infinis qui composent notre multivers, je déteste les jeux vidéos. Je n'y éprouve aucun intérêt et pire, je me montre particulièrement condescendant envers les "gamers". Mais c'est un autre univers.

Articles Récents

Instant Gaming image