Critique Nimona : nouvelle pépite d’animation pour Netflix

Il s’en est fallu de peu pour que Nimona se retrouve perdu dans les limbes de ces projets prometteurs annulé. Initialement développé par le studio BlueSky, filiale de la Fox avant sa fermeture par Disney en 2021, le film fut repris in extremis par Annapurna et Netflix. Et, ça en valait carrément la peine. Notre critique.

Sauvé par le tudum

L’histoire de Nimona se déroule dans univers mêlant éléments modernes et antiques. Nous y suivons l’histoire de Ballister, un roturier sur le point de devenir le premier homme de l’histoire à être sacré chevalier. Du moins jusqu’à ce qu’un évènement dramatique ne le fasse tomber en disgrâce et ne l’oblige à se cacher. Il fait alors la rencontre de Nimona, une jeune fille aussi impétueuse que mystérieuse dotée de capacités particulières (que vous pourrez vous spoiler en visionnant la bande-annonce en bas de page). Ensemble, ils vont alors tenter de rétablir la vérité et changer le regard que porte le monde sur eux.

Qu’on se le dise de facto : Si le film possède beaucoup de qualités (on ne perd pas de temps à le dire, c’est une pépite), la jeune Nimona est bien LE gros point fort du film. Elle forme avec Ballister un duo explosif, pêchu, drôle et souvent touchant. Le résultat est digne des meilleurs buddy movie. Toutefois, Nimona ne se cantonne pas aux poncifs de ce genre, souvent brillant lorsqu’il est bien exploité. Il en profite surtout pour ouvrir un débat sur la tolérance, et ce, dès le début, jusque dans ses enjeux majeurs.

Photo film Nimona

Non content de présenter un héros ouvertement gay, Nimona se présente très clairement comme un film cherchant à prôner la tolérance, sans se montrer trop tapageur ni moralisateur. À l’instar de Ballister, dont l’homosexualité ne vient jamais empiéter sur les enjeux principaux, la jeune Nimona se définit quasiment comme non genrée, sans jamais en évoquer le terme. Fuyant elle aussi une société la percevant comme un monstre, elle cache derrière son apparente bonne humeur une véritable fragilité, née de l’ignorance des gens.

Nimona est un film ouvertement LGBTQ+

Rarement un film d’animation familial n’aura traité d’un tel sujet de manière aussi frontale. Pourtant, Nimona le fait avec un recul dont certains devraient s’inspirer… Il ne suffit pas qu’un film montre un couple de figurants homosexuels se béquetant en arrière plan pour se dire LGBTQ. Non seulement Nimona à le cran de traiter le sujet plus sérieusement, mais le fait sans jamais y’aller au forceps. Cela dit, non, le film ne compte pas uniquement sur ces thématiques pour séduire son public.

photo film Nimona

Comme on le disait, Ballister et Nimona forment un duo détonant. Lui veut rétablir la vérité, elle veut juste tout péter. Ce sont du moins les ambitions qu’elle affiche joyeusement au début, même si l’on comprend vite qu’elle cache une véritable tristesse derrière sa carapace. Ses capacités magiques sont véritablement au coeur des scènes d’actions mais aussi une métaphore évidente des thématiques centrales. Un détail qu’elle-même souligne lorsqu’elle qualifie les questions de son acolyte de « mesquines », mais aussi quand elle évoque l’ennui que serait sa vie si elle cessait d’utiliser ses dons.

Une scénario simple mais empathique, avec une vraie identité graphique.

Nimona mêle comme on le disait un univers avec des styles très opposés. Alors non, on ne parle pas de styles graphiques différents, à l’image de ce que nous propose Spider-Man : Across the Spider-Verse mais bien d’éléments d’ambiances et d’époques différentes. En mêlant aussi bien la science-fiction à la fantasy, le steampunk au cyberpunk, Nimona se crée sa propre identité. On pourra regretter que le film n’aille pas aussi loin que certains cadors du genre, avec des décors qui manquent parfois de détails ou d’envergure.

Photo film Nimona

Si l’histoire de Nimona brille par ses thématiques, et surtout le recul avec lequel elle les traite, elle reste assez avare en surprises. Pour le coup, les enjeux sont globalement prévisibles mais n’en sont pas moins accrocheurs pour autant. Aussi, si Nimona et Ballister s’avèrent on ne peut plus attachants, tout servis qu’ils sont par les doublages de Riz Ahmed et surtout celui de Chloé Grace-Moretz, exceptionnelle, tous ne sont pas logés à la même enseigne. La plupart des autres personnages manquent de profondeur ou de développement. Exception faite de Ambrosius, même s’il est un poil trop défini par son amour pour Ballister

Le tout baigne dans une animation 2D dotée d’une bonne touche de 3D, évoquant la série animée Arcane. Sans posséder la palette de couleurs visuelles de ce dernier, Nimona tire profit de son style visuel, notamment dans les scènes d’actions, en y proposant une fluidité et un dynamisme exemplaire. Alors oui, là aussi, on n’atteint pas les cadors du milieu mais Nimona peut se vanter de faire une utilisation propre et surtout intelligente de son matériau. Et ce compliment est sûrement ce qui définit le mieux le film dans son ensemble.

Photo film Nimona

Conclusion critique Nimona

Un projet de plus tombé à l’eau. Voilà ce qu’aurait pu être Nimona si Netflix et Annapurna n’avaient pas flairé tout son potentiel. Et, leur flair a été très bon sur ce coup. En dépit d’une intrigue souvent prévisible, Nimona brille par son duo de héros attachants, à commencer par celle qui donne son nom au film. D’une force de caractère et d’une fragilité parfaitement équilibré, elle doit aussi beaucoup à la performance brillante de Chloé Grace Moretz. Son partenaire de jeu, doublé ici par Riz Ahmed offre également une très bonne performance, contribuant à donner au duo la force qui le caractérise.

Là où l’on félicite aussi l’intrigue, c’est surtout dans sa manière d’évoquer les sujets LGBTQ+ de manière frontale mais non forcée, en faisant davantage passer au second plan la relation explicitement homosexuelle de Ballister et Ambrosius, sans l’effacer ou l’ignorer pour autant, privilégiant les questions d’identités de Nimona, qui est le coeur de l’intrigue. Après tout, elle ne donne pas son nom au film pour rien. Ajoutez à cela une patte artistique efficace, avec des scènes d’actions fluides et vous obtenez le cocktail détonant d’un des meilleurs films animations sortis cette année.

Nimona est disponible sur Netflix depuis le 30 juin 2023

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Maximus
Maximus
Quelque part, dans un des millions d'univers infinis qui composent notre multivers, je déteste les jeux vidéos. Je n'y éprouve aucun intérêt et pire, je me montre particulièrement condescendant envers les "gamers". Mais c'est un autre univers.

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