Critique La Demoiselle et le Dragon : conte de fée-minisme

Avec La demoiselle et le Dragon, Netflix et Millie Bobby Brown, incontournable figure du N rouge et inoubliable Eleven de Stranger Things revisitent le traditionnel conte de la demoiselle en détresse à leur sauce pour mieux casser les codes… ou juste pour casser les codes.

La Demoiselle et le Dragon : Millie Bobby Brown n’a plus 11 ans

Lorsque le film se lance, une voix-off, en l’occurrence celle de Millie Bobby Brown, nous prévient que le film que l’on va voir n’est pas une de ces vieilles légendes de princesses qu’ont déjà détournées, voire moquées pas mal d’œuvres depuis déjà longtemps. Le film commence littéralement à peine que le scénario crache sa conviction d’avoir un concept original. Mais accordons le bénéfice du doute à Dan Mazeau, à l’écriture du projet. Un scénariste au CV pas franchement glorieux, qui se limite à Fast X et La Colère des Titans…  Bon, on accorde le bénéfice du doute, mais autant dire que dès le début, ça n’augure donc rien de bon. Et c’est en effet le cas. Jusqu’à…

La demoiselle et le Dragon a beau y’ aller son petit commentaire prétentieux en ouverture, il n’en reste pas moins que la première demi-heure ressemble exactement à ce qu’il prétend ne pas être. On y retrouve quasiment tous les poncifs du genre, et la seule « originalité » se résume au personnage de la belle-mère, qui devient ici une figure maternelle et non la traditionnelle méchante marâtre. Un essai transformé juste sur le papier, mais pas sur la forme. Dommage pour Angela Basset qui n’aura jamais l’occasion de briller dans le film, comme 99 % du casting, d’ailleurs. Mis à part ça, le réalisateur a beau tenter de magnifier ses décors avec divers plans larges et aériens, on se dit qu’il aurait mieux fait de les masquer, tant absolument tout sonne faux et fait trop « propre » pour sembler naturel.

Oui, mais justement, le réalisateur, c’est Juan Carlos Fresnadillo. Spécialiste du cinéma d’horreur à qui l’on devait 28 Semaines plus Tard et les bonnes idées visuelles de Jurassic World Fallen Kingdom (parce qu’autrement, presque tout était bon à jeter). Autant dire que sur un projet pareil, ce nom ne pouvait qu’attiser notre curiosité. Et celle-ci est en partie récompensée après près de 30 min d’attente. Une fois passée l’étape fastidieuse de cette exposition forcée, La Demoiselle et le Dragon donne un sens à son titre et à la présence de Fresnadillo derrière la caméra. Le film devient dès lors une sorte de film horreur claustrophobe, partie permettant au cinéaste de jouer plus librement avec sa caméra. Quelle ironie…

Pas de princesse à sauver… ni grand-chose d’autre

À partir de là, le choix de Netflix de s’être tourné vers le cinéaste espagnol fait sens. Bien sûr, ce dernier doit quand même composer avec un scénario qui ne cherche jamais à surprendre ou inventer quoi que ce soit, mais on ne peut lui retirer une certaine efficacité dans sa manière de jouer intelligemment avec les codes horrifiques les quelques fois ou le script le lui permet. Un bon point pour Milly Bobby Brown, productrice du film au passage, qui se voit offrir l’occasion de varier son jeu, et s’en tire avec les honneurs. Ce qu’il vaut mieux d’ailleurs. Le film cherche tellement à la mettre en avant que, tout le monde autour d’elle deviennent aussi intéressants à regarder que des figurines bon marché.

Pourtant, avec Ray Winstone, Angela Bassett et Robin Wright en seconds couteaux, il y avait une promesse, mais non. Ne parlons pas du pauvre Nick Robinson, qui ne peut pas faire grand-chose, l’acteur semblant autant désabusé que son pas du tout charismatique de prince. Cette belle partie que nous mentionnons ici retombe à nouveau dans bien des travers dès lors que Fresnadillo est contraint de quitter la noirceur de sa grotte (par moment éclairée par des décors « conte de fées »). Pire, sa jeune héroïne y connait alors une évolution de caractère un peu trop rapide pour être crédible, telle une Ellen Ripley passant du statut de victime apeurée à figure maternelle badass en deux plans au lieu de deux films. Avec tout ça, on se dit que La Demoiselle et le Dragon aurait été un bon survival claustro, s’il s’était départi d’absolument tout ce qui gravite et reste autour.

Conclusion

La demoiselle et le Dragon aurait été une bonne proposition s’il se contentait de mettre en image la promesse de son titre. Mais persuadé d’inventer quelque chose de novateur, au point de le souligner dans sa tagline et le susurrer dans son écran-titre, la nouvelle collaboration NetflixMilly Bobby Brown est un petit échec qui ne doit son salut qu’à la prestance de la jeune actrice et la mise en scène de Juan Carlos Fresnadillo, lorsque ce dernier a toutefois l’opportunité d’exprimer son talent et sa passion pour le cinéma horrifique. Ce qui ne représente qu’un tiers du film.

La Demoiselle et le Dragon est disponible depuis le 08 mars 2024, exclusivement sur Netflix

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Maximus
Maximus
Quelque part, dans un des millions d'univers infinis qui composent notre multivers, je déteste les jeux vidéos. Je n'y éprouve aucun intérêt et pire, je me montre particulièrement condescendant envers les "gamers". Mais c'est un autre univers.

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