Critique Gran Turismo : dérapages controlés

Nous avons vu en avant-première le film Gran Turismo, adaptation de la simulation de courses automobiles que l’on ne présente plus. Cette adaptation fait-elle preuve d’une conduite exceptionnelle ou au contraire, fonce-t-elle droit dans le mur ? réponse dans notre critique.

Based on a true story

« Mais que vont-ils pouvoir raconter ? ». Voilà ce qu’ont dû se dire la plupart d’entre nous à l’évocation d’un film Gran Turismo. Contrairement à des jeux comme Need For Speed, qui incluent déjà des éléments à forts potentiels de série B, la célèbre licence automobile créée par Kazunori Yamauchi en 1997 à une vocation beaucoup plus crédible. Elle se targue d’être la simulation automobile la plus réaliste qui soit (on vous laisse débattre dessus). La solution la plus simple parait alors d’inventer une histoire pour le film. C’est presque ce qui se passe à ceci près d’une chose, c’est une histoire vraie.

Le film revient en effet sur l’histoire de Jann Madenborough, un jeune Britannique passionné de la série de jeux Gran Turismo. Il est devenu pilote automobile après avoir participé à un concours organisé par la fameuse simulation. Ces derniers ont organisé un partenariat avec Nissan pour former les meilleurs joueurs au monde à devenir de véritables pilotes automobiles. Sur ce point, on retrouve quasiment tous les poncifs du genre. Parcours du héros à la « American dream », remises en questions, etc. Dommage que le film reste globalement lisse dans son récit. « Globalement », car le film se permet certains moments plutôt surprenant. Un constat d’autant plus agréable que le film se présente comme un publicité à la gloire de Gran Turismo.

Gran Turismo film course drone

Gran Turismo roule un peu trop vite mais évite le crash

Le film étant un biopic, il aurait été intéressant qu’il paraisse plus documenté à l’écran. Mais il a clairement été calibré pour le grand public. Autrement dit, le film ne s’embarrasse pas des complexités en coulisses et autres joyeusetés. Ce n’est pas mauvais pour le grand public, qui vient avant tout voir des courses. Mais on aurait aimé que l’aspect biopic soit mieux mis en avant. Une scène assez révélatrice est lorsqu’un pilote, durant une vraie course explique qu’il savait que ses freins avaient un problème car « ça fait des années que je joue à GT donc ça me connait ». Mouais… un peu plus de technicité n’était pas de refus, surtout que l’on parle d’un jeu qui se vante de sa précision dans l’art de la simulation.

Pourtant, ces écueils n’empêchent pas Gran Turismo d’être un film sincère et efficace en tant que divertissement. Notamment grâce aux scènes de courses bien filmées. Le réalisateur Neil Blomkamp a notamment fait le choix judicieux d’utiliser des drones pour filmer de véritables bolides sur la piste. Et le résultat vaut carrément le coup d’oeil. Celui à qui l’on doit l’excellent District 9 et qui projetait de réaliser un film Alien (pitié Nintendo, confiez-lui l’adaptation potentielle de Metroid) n’est pas James Mangold et niveau immersion, on n’arrive pas à la cheville d’un Ford vs Ferrarri. Mais l’idée de filmer les séquences en drone donne tout de même un cachet personnel et souvent jouissif à l’écran.

On parlait aussi de quelques surprises à l’écran, c’est surtout dans certains aspects auto-critiques. On pense au concours en lui-même, que Sony et Polyphony reconnaissent à demi-mot comme étant avant tout une opération marketing, avec l’aspect moralement douteux (toute proportion gardée) que ça entraine. Mais aussi par rapport à un accident aux enjeux surprenant, que l’on ne s’attend pas à voir dans un film qui semble un peu trop se caresser dans le sens du poil. Encore plus étonnant quand on sait que l’accident en question a vraiment eu lieu. Pour une production de cet acabit, qui a plutôt vocation à être une publicité déguisée, ce n’est pas franchement commun et c’est d’autant plus agréable.

Gran Turismo film course drone

Casting en roue libre, David Harbour sur le podium

Pour prêter ses traits à Jann Madenborough, Sony a jeté son dévolu sur le jeune Archie Madekwe. Sans jouer à fond la carte des émotions complexes, le jeune acteur fait le job. Dans notre égoïsme critique, on se dit quand même que n’importe quel acteur avec un tant soit peu de talent aurait fait aussi bien. Djimoun Hounsou, qui incarne le père du jeune pilote en devenir semble  en roue libre. Non pas que sa performance soit mauvaise, au contraire mais on sent bien que l’acteur n’avait pas de ligne directive précise à suivre à l’écran et qu’il met surtout son talent personnel au service du rôle.

Orlando Bloom surprend aussi dans un rôle quelque peu ambigu auquel il donne tout de même une touche assez théâtrale. Ce qui tranche pas mal avec le reste du casting, qui reste plutôt dans les clous. En revanche, non pas que comme beaucoup, nous soyons de grands adorateurs du chef Hooper de Stranger Things, mais David Harbour s’impose clairement au-dessus de la mêlée. De tous, il est celui qui a le parcours le plus intéressant et le meilleur développement. On ne parle pas non plus d’une écriture particulièrement brillante, mais le personnage est assez touchant et son évolution reste tout en finesse. On parle d’un homme qui se montre sceptique à former des joueurs à être de véritables pilotes à un entraineur qui refuse d’abandonner son équipe. C’est gnan-gnan mais ça marche très bien grâce à ce mélange raffiné entre bonhomie et force brute dégagé par l’excellent comédien.

Gran Turismo film David Harbour Archie Madekwe

Conclusion : un divertissement efficace et sincère qui rate quelques virages

Gran Turismo n’est ni la meilleure adaptation d’un jeu qui soit ni même le meilleur film de bolides. On vous conseillera plutôt des films comme Ford vs Ferrari ou Rush sur ce point. En revanche, l’amour de Sony pour sa licence transparait à fond de balle ici, peut-être un peu trop. Le scénario ressemble quand même souvent à une publicité géante à la gloire de la licence et cette impression tient jusqu’à ce que certains événements arrivent sans crier gare, loin d’être une coutume dans ce genre de production.

La mise en scène met à l’honneur la nervosité des courses, notamment grâce à des séquences filmées en drone mais aussi à un système de caméra Rialto, permettant de filmer de petits espaces comme l’intérieur des voitures. Le même système a été utilisé pour Top Gun Maverick. On a aussi droit à des petits éléments de mise en scène ramenant directement au jeu vidéo, lorsque l’on voit se dessiner sur les circuits ces petits indicateurs de courses par exemple. Au final, Gran Turismo n’est pas LE film qui va marquer l’été, loin s’en faut. Mais il débarque avec des intentions cinématographiques sincères, à défaut d’être parfaitement exécutées. Et vu comment le projet sentait à l’annonce, c’est une bonne chose que de réussir à ne pas foncer dans le mur.

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Maximus
Maximus
Quelque part, dans un des millions d'univers infinis qui composent notre multivers, je déteste les jeux vidéos. Je n'y éprouve aucun intérêt et pire, je me montre particulièrement condescendant envers les "gamers". Mais c'est un autre univers.

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