Test Hell is Us: l’enfer de la guerre

Lorsque Nacon annonce Hell is Us en 2022, les intentions sont claires dès le début: le futur premier jeu de Rogue Factor ne prendrait pas les joueurs par la main. La promesse derrière cette philosophie ? Offrir une expérience brut de découverte, pour ramener, selon son directeur créatif, aux bons souvenirs des jeux d’aventure des années 90. Cette promesse est-elle tenue et surtout, apporte-t’elle une réelle plus-value ? On le découvre dans notre test ci-dessous.

Les idéaux d’Hadea

Le récit de Hell is Us, qui s’étale sur 15-20h en ligne droite et peut facilement doubler en contenu annexe, nous transpose dans la région fictive d’Hadea, qui semble s’inspirer des Pays de l’Est, comme la Pologne. Depuis des années, deux camps se déchirent dans un conflit à base religieuse. Les connaissances en histoire de votre serviteur sont, assumons-le, assez limitées mais en référence, on tend clairement ici vers les heures les plus sombres de la seconde guerre mondiale. Comme-ci, ca ne suffisait pas, un évènement répondant au nom de Calamité a permis à d’étranges monstres « émotifs » et sortes de clones Silent-Hillesque d’apparaitre à la surface de la région (et même sous la surface).

C’est dans ce contexte que Remi, notre héros peu bavard fait son apparition, remettant les pieds dans une région qu’il fut forcé de quitter durant sa plus tendre enfance. C’est justement pour en comprendre les raisons ainsi que pour retrouver ses parents que notre homme retourne illégalement au pays. Sur le plan narratif,  Hell is Us tient presque toutes ses promesses. Dès le début du jeu, un message avertit d’ailleurs les joueurs les plus sensibles de certains thèmes abordés et pour le coup, le message n’est pas à prendre à la légère.

Hell is Us gameplay screenshot

Bien qu’elle soit fictive, la guerre dont il est question à Hadea y’est vécue avec toute la dureté et les innommables immondices dont l’être humain est capable. De fait, des images et des suggestions aussi dures que des exécutions publiques impliquant hommes, femmes et enfants, tout comme des violences sexuelles (pour rester le plus soft possible…) émanent des moults villages et autres ruines que l’on explore.

De fait, il s’agit peut-être avec l’excellent This War of Mine de l’une des meilleures représentations de la guerre dans un jeu vidéo, tout du moins dans son approche morale. Finalement,  la seule ombre au tableau, pas des moindres, c’est justement le personnage de Rémi. Si sa froideur et sa distance face aux événements s’expliquent par son background, il nous a été quasiment impossible de nous attacher au personnage et de fait, de ressentir vraiment au plus fort l’impact narratif autour de lui.

Hell is Us ne nous prends VRAIMENT pas par la main

Abordons maintenant le point névralgique de ce test de Hell is Us, ce détail qui a constitué le plus gros de la communication autour du jeu. Ici, on oublie  toutes ces histoires de marqueurs, de visions d’aigles et autres indicateurs, tout le voyage se fait au feeling. Tout ce dont dispose Remi, c’est une tablette qui va inventorier tout ce qu’il trouvera en chemin mais c’est au joueur lui-même de faire le lien entre les objets qu’il trouvera et leur utilités dans l’aventure. Il faut bien comprendre ici qu’absolument tout ce qu’on vit  est régi par cette régle.

Hell is Us gameplay screenshot

Enfin, ca c’est surtout vrai pour le côté annexe. Pour ce qui est de l’aventure principale, si l’idée reste aussi totalement présente, la solution a une énigme n’est jamais bien loin. Contrairement à l’aspect secondaire, qui nous incite a repasser pour essayer moults combinaisons,  qu’il s’agisse d’un objet trouvé dans une zone, à remettre à un individu dans une autre zone ou une mystérieuse clé pouvant ouvrir on ne sait quelle mystérieuse porte, la mission principale nous a rarement perdu. Tout juste avons-nous pu être ralenti par certaines énigmes parfois un rien relevé. La faute, si l’on puis dire, incombe à un level design qui opte (intelligemment) pour des zones fermées, ce qui limite le temps que l’on passe à chercher certaines solutions.

Tout original qu’il soit dans son approche (même si il n’invente rien dans les faits), Hell is Us répond quand même à certains codes établis. Mais rendons ses armes à César, toute cette volonté de faire un jeu totalement non-dirigiste dans son exploration se ressent très rapidement et ca fonctionne. La narration l’est tout de même davantage, malgré son aspect volontairement cryptique mais on sent bien que le but de Rogue Factor n’était pas que le joueur se perde totalement dans l’histoire de ce monde mais bien dans ce monde en lui-même.

Hell is Us gameplay screenshot

Soul’s like Vice Versa

Dans ses différentes previews,  Hell is Us a souvent été comparé à un Soul’s Like et pour le coup, il faut bien avouer que le terme nous semble légèrement galvaudé. D’une part parce que la structure du jeu ne s’y apparente aucunement et l’aspect cryptique de sa narration partage beaucoup plus en commun avec Kojima que Miyazaki et d’autre part parce que si le système de combat à bien quelques originalités là aussi, sans non plus transformer le gameplay en bouleversement vidéoludique, le rapport avec l’univers des Souls nous paraît bien lointain, tant dans la difficulté des combats que dans le pattern des créatures. Dans Hell is Us, vous ferez face à des créatures qui se ressemblent toutes, des sortes d’êtres blancs flottant,  sans visage.

Certaines d’entre elles sont reliées via une sorte de cordon à une entité représentant une émotion forte parmi la rage, la tristesse ou encore la peur. Dans le cas de ces ennemis, il faut d’abord vaincre l’entité émotive en question avant de pouvoir s’en prendre à son hôte. Mais il vous faut alors faire vite, sous peine de voir l’entité revenir et devoir à nouveau l’éliminer. La subtilité du système de combat de Hell is Us se trouve dans la gestion de l’endurance, intrinsèquement liée à la jauge de santé. Lorsque vous frappez, lorsque vous courrez (uniquement durant les phases de combat), que vous esquivez ou preniez des coups, votre jauge d’endurance baisse et a terme, vous vous retrouver à être trop épuisé et exécuter alors chacun de vos gestes lentement.

Hell is Us gameplay screenshot

Le but est alors de ne pas se retrouver à sec. Pour éviter cette déconvenue, le titre propose certes quelques objets de fortune mais c’est surtout au système de régénération que vous devrez votre fortune. Le principe est simple: quand vous frappez un ennemi, un cercle blanc se dessine autour de vous et il vous faut appuyer sur R1 pour récupérer autant de santé que d’endurance. Si vous parvenez à frapper plusieurs fois l’ennemi sans vous faire toucher, vous pouvez cumuler plusieurs de ces salves régénératrice et ainsi utiliser le pouvoir pour récupérer d’une traite un bon trait d’endurance/santé.

Un gameplay combat qui fait le job mais pouvait mieux faire

A coté de ca, on y retrouve donc certains éléments plus classiques,  tel un système de glyphes à attacher à ses armes et à adapter en fonction des émotions à affronter et si notre Remi n’a pas pour ainsi dire de niveau d’évolution, comme tout RPG classique qui se respecte, sa force augmente néanmoins via les armes qu’il utilise. La principale faiblesse ici, c’est que si le système de jauge, pourtant d’une simplicité presque enfantine est savamment mis en place, les développeurs n’ont pas vraiment su exploiter le principe autour des glyphes par exemple. Le fait est que ne pas profiter de ces différentes options ne vont pas rendre les combats injouables.

Hell is Us gameplay screenshot

Tout juste faire baisser un peu plus rapidement les jauges des ennemis mais le système s’en avère tellement dispensable,  que la plupart du temps, on se contente presque de frapper les ennemis à l’arme blanche. Par ailleurs,  nous pouvons également débloquer certains pouvoirs à utiliser à distance ou non et notre drône de compagnie sera autant capable de traduire divers textes que de nous assister à notre demande durant les combats.

Cela dit, on ne parle pas non plus de combats qui se font les doigts dans le nez. D’autant plus lorsque l’on se retrouve acculé dans des pièces avec un tas de monstres. Disons simplement qu’un game design aussi ingénieux que celui lié à l’exploration n’aurait pas été de refus. Il faut dire aussi qu’avec son bestiaire somme toute limité, le plaisir finit par laisser place à la lassitude. Nous ne sommes donc pas sur un système de combat qui a a rougir de ses performances. Mais on sent bien que les équipes ont surtout voulu mettre l’accent sur le narratif. Sans complètement laisser de côté ceux qui chercheraient avant tout un jeu d’action.

Enfer et Paradis

Le héros de Hell is Us a eu bien du mal à nous faire attacher à son récit personnel. Mais c’etait sans compter sur la région de Hadea. Elle parvient sans aucun mal à nous plonger dans son ambiance aussi mystérieuse que poisseuse. C’est peut-être là qu’on fera un éventuel rapprochement avec les Souls. Comme ces derniers, Hell is Us met en scène des environnements et des décors qui  racontent des histoires.

Hell is Us gameplay screenshot

La direction artistique, sans être novatrice, se montre suffisamment à la hauteur. Elle permet aux joueurs de s’impliquer dans ce monde et d’en « apprécier » ses malheurs. Par ailleurs, le titre se montre aussi  très joli avec ses jeux de lumières, ses panoramas à perte de vue. Il se  pare aussi d’un excellent level design, parfait pour le genre d’exploration que propose le jeu.

Comme on l’a dit, il s’agit d’un monde par zones. C’est à travers un VAB (un véhicule millitaire) que vous pourrez traverser les nombreuses zones. Du coté des performances,  on y retrouve sur PS5 les traditionnels qualité/performances. Le système de combat étant ce qu’il est, le mode performance est le plus recommandable ici. A peine handicapé par quelques ralentissements pas bien méchants. Dans un cas comme dans l’autre, le jeu reste visuellement très beau. Peut-être très légérement plus net en mode qualité, avec un jeu de lumière un tantinet plus poussé.

Hell is Us gameplay screenshot

Résumé de notre test de Hell is Us

Hell is Us est un jeu imparfait. Même dans son principal attrait, l’exploration,  le titre de Rogue Factor ne tiens pas à 100% sa promesse. Seulement voilà, Hell is Us est un jeu qui tente des choses. Pour la plupart, il les réussit bien, voire très bien. Oui, Remi est un héros qui va finir aux oubliettes. Oui, le système de combat, malgré certaines ingéniosités n’est pas le plus novateur qui soit.

Mais à travers son monde et la noirceur de ses thèmes, Hell is Us n’a aucun mal à captiver. On explore pas un monde sans carte ni le moindre indicateur parce que nous y sommes forcés. Mais bien parce que le plaisir de l’exploration et de la découverte est là et est totalement palpable. C’est pour ca que de fait, le titre en reste un des plus surprenant et agréable de 2025.

Hell is Us sortira le 04 septembre 2025 sur PC, PS5 et Xbox Series X|S

Les points forts

  • L’exploration au sens le plus noble du terme, sans indicateur ou autre…
  • Un univers aussi mystérieux que passionnant à découvrir
  • Le système de combat se pare de quelques originalités et reste assez tactique
  • Direction artistique et level design qui font bon ménage
  • Rarement un jeu n’aura aussi bien traité les traumatismes et les thèmes immoraux liés à la guerre

Les points faibles

  • …bien que l’on se perde difficilement dans l’histoire principale
  • Le système de combat mal exploité
  • Le personnage de Remi, pas franchement attachant
  • Paradoxalement,  la principale force du jeu peut en devenir une de ses faiblesses
Graphismes
90 %
Durée de vie
80 %
Gameplay
85 %
Histoire
75 %
Bande-son
75 %

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Maximus
Maximus
Quelque part, dans un des millions d'univers infinis qui composent notre multivers, je déteste les jeux vidéos. Je n'y éprouve aucun intérêt et pire, je me montre particulièrement condescendant envers les "gamers". Mais c'est un autre univers.

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