Test Death Stranding 2: livraison d’une suite à la hauteur ?

6 ans après avoir reconnecté ce qu’il restait des États-Unis, rebaptisés ici les UCA, Sam Porter Bridges revient, en compagnie de sa petite Lou, afin de reconnecter cette fois le Mexique et l’Australie, dans Death Stranding 2. Une suite qui, comme on le verra dans ce test, se veut un peu plus grand public, sans totalement renier la singularité de la proposition initiale… non sans en perdre quelques gouttes de poix sur le passage.

Test Death Stranding 2: l’art du jeu Hideo

En 2019, Hideo Kojima, papa de Metal Gear Solid et sans doute l’un des noms les plus reconnus de l’industrie, fascinant pour les uns, agaçant pour les autres, nous livrait Death Stranding.  Un jeu ô combien singulier dans le domaine des AAA, en particulier chez Sony, plutôt coutumiers des expériences de jeux grand public. Dans cette aventure, nous avions pour mission de reconnecter une version desolée des États-Unis, à travers 1001 livraisons, alors que le monde s’était renfermé suite au Death Stranding.  Un évènement apocalyptique qui avait littéralement brouillé la frontière entre celui des vivants et des morts.

Après avoir mené sa quête à bien et avoir repoussé l’échéance d’une nouvelle extinction de masse,  Sam Porter revient, toujours sous les traits de Norman Reedus. Cette fois-ci,  on le retrouve 11 mois après la fin des événements, tandis qu’il s’est exilé au Mexique, en compagnie de la petite Lou, désormais hors de sa capsule. Alors que notre livreur continue son activité, en toute indépendance et loin des consignes de la compagnie Bridges, une ancienne connaissance, Fragile, toujours interprétée par Lea Seydoux, omniprésente ici,  le retrouve pour un nouveau grand voyage de reconnexion avec le monde. Cette fois-ci, il sera question de reconnecter le Mexique… avant de prendre son envol pour l’Australie, où commencera véritablement l’aventure, tandis qu’un événement (que l’on ne va évidemment pas spoiler) incitera Sam à accepter cette nouvelle salve de livraisons pour le salut de l’humanité.

Dès ses premières minutes, Death Stranding 2 nous en mets plein les yeux et pose les bases de ses nouvelles mécaniques de jeu et de sa direction. Tandis que notre porteur est au sommet d’une crête rocheuse et s’apprête à se rendre chez lui, le tout sur la partition dynamique de Woodkid, s’adaptant alors aux mouvements de Sam, avant qu’une secousse sismique ne fasse vibrer la Dualsense et perdre son équilibre au livreur. Car ici, tremblements de terre, tempêtes de sable, de neige, crûes et autres feux de forêts sont autant d’événements environnementaux qui viendront ponctuer notre long voyage. Dans le cadre de notre test, Death Stranding 2 nous  a pris une soixantaine d’heures, en comptant enviton 40h de scénario et 20h d’annexe que nous n’avons finalement fait qu’effleurer.

Death Stranding 2 gameplay screenshot PS5

Hideo Kojima tend le bâton aux détracteurs…mais lâche aussi de la corde

Death Stranding premier du nom avait pour lui cette proposition unique, chef d’oeuvre singulier pour les uns, œuvre surestimé pour les autres, que d’aucun d’entre eux n’auraient osé qualifier de «meilleur jeu FedEx du monde». Alors qu’on s’attendait à voir Hideo Kojima épouser encore plus fort le concept, car dixit « je veux que mon jeu divise« , le créateur n’a pourtant pas hésité à rendre cette suite nettement plus grand public. Au niveau de son récit déjà, puisque si l’on le passe pas outre les Kojimades habituelles (y compris dans de toutes petites phases se jouant des codes du jeu vidéo), on y retrouve une histoire plus structurée, un peu moins cryptique dans sa forme et en conséquence mieux rythmée. Même si il faudra composer avec un schéma narratif on ne peut plus répétitif l’écrasante majorité du jeu.

Mais les bases du premier jeu ne sont pas pour autant reniées. Ainsi, outre le fait de livrer tout un continent, il sera toujours question de thèmes forts, comme notre rapport à la mort, sans doute celui au cœur de cette expérience Death Stranding 2. À coté, la fragilité des liens sociaux,  sont toujours le point névralgique, tandis que de nouvelles idées, comme la protection de l’environnement, ponctuent notre aventure.  Surtout, il s’agit toujours ici d’enchaîner les livraisons pour reconnecter le monde dans tous les sens du terme et faire avancer un récit qui nous fera souvent passer par des phases émotionnelles intenses, parfois avec ce sens de l’absurde dont le créateur controversé à le secret.

Lorsque l’on parle d’une expérience plus grand public, c’est aussi à travers un gameplay peaufiné, bien moins lourd que son prédécesseur. Ici, il est toujours question de planifier soigneusement nos itinéraires, afin de préparer le meilleur équipement possible en fonction des évènements et rencontres qui devraient ponctuer le chemin. Choix de bottes ou de véhicules en fonction de la distance et du type de parcours,  matériel suivant les obstacles et armes suivant les ennemis, cette partie constitue toujours un plaisir immersif sans pareil.

Death Stranding 2 gameplay screenshot PS5

Le jeu nous offre très vite un arsenal ultra complet pour effectuer nos voyages de la façon la plus optimisée possible…souvent un peu trop. Car c’est peut-être là que l’expérience, si elle peut davantage séduire les réfractaires au premier opus, peut paradoxalement freiner les fans de la première heure: une expérience de jeu nettement plus facile, dans son exploration surtout mais aussi dans ses nombreux affrontements, qu’il s’agisse des nombreuses bases d’ennemis,, des Échoués ou des Boss: si le tout est un peu plus engageant manette en main, la facilité n’en rends pas forcément l’expérience moins frustrante. L’APAS, un nouveau système de compétences passives à débloquer progressivement vient compléter ce tableau déjà bien rempli.

Le bestiaire à par ailleurs pas mal gagné au passage. Outre les nombreuses bases ennemis humains à travers le territoire, ce sont aussi de nouvelles variétés de créatures qui font leurs apparitions. Parmi les plus notables,  nous avons surtout les Veilleurs, qui ont la capacité de nous voir, contrairement aux autres Échoués. À l’inverse, les Créatures Chirales, qui s’apparentent généralement à de petites nuées d’insectes constituent la proposition la moins intéressante du bestiaire, puisqu’il suffit de ne pas leur macher dessus. Enfin, l’un des ajouts non négligeable s’avère être un cycle jour/nuit, qui joue un impact tant sur l’approche infiltration, que sur certaines livraisons thermo-sensibles.

Quand les liens sociaux nous font défaut

Un paradoxe avec Death Stranding 2 s’est montré tout particulier durant notre test. Comme on le disait,  le principe de reconnexion et de liens sociaux sont le coeur même de l’expérience de cet univers et dans le premier volet, Hideo Kojima parvenait à trouver un équilibre délicat sur le fil social, permettant de découvrir une aventure avec un vrai défi solitaire malgré toute l’aide dont on pouvait béneficier. Alors c’est peut-être l’absence de surprise dans cette nouvelle mouture qui fausse notre regard et peut-être même qu’on réalisera la même chose en relancant le premier jeu mais toujours est-il qu’ici, le multijoueur asynchrone nous a bien trop facilité la tâche. C’est bien simple, 90% du temps, inutile de prévoir des constructions, puisque tout ce dont vous avez déjà besoin est déjà en place.

Death Stranding 2 gameplay screenshot PS5

Alors il est possible de désactiver cette fonction en ligne bien sûr, ce que l’on a fini par faire. Mais c’est curieux de constater comment une mécanique aussi astucieuse, pourtant en lien avec son thème centrale, peut aussi totalement rentrer en contradiction avec ses autres thèmes. Et comment aussi ne pas citer le DHV Magellan parmi les nouveautés « grand public » de ce Death Stranding 2. Très franchement,  on en a profité le moins possible durant notre aventure, juste de quoi pouvoir dire qu’on peut le faire (sachant que le scénario va parfois nous l’interdire de toute façon) mais ce vaisseau QG va grandement faciliter pas mal de voyages, à l’instar des Monorails, amusants à utiliser au demeurant. De notre côté,  on les a beaucoup utilisé pour acheminer les matériaux depuis les Mines (nouveaux lieux conçus pour la création continue de matériaux donc) jusqu’aux Installations.

Pour en revenir au DHV Magellan, c’est ici que se retrouve réunie la nouvelle équipe de Sam, notamment composée de Tarman, pilote que l’on retrouve ici sous les traits de Georges Miller (le génie visionnaire derrière la saga Mad Max, qui n’a que prêté son visage, à l’instar du cinéaste danois Nicolas Winding Refn, qui « revient » en tant que Heartman). Parmi les autres nouveaux personnages, nous retrouvons également Rainy et Tomorrow, respectivement incarnées, intégralement pour le coup, par Shiori Kutsuna et Elle Fanning. L’occasion de parler du traitement de ces nouveaux personnages et de regretter quelque peu leur manque de profondeur.

Si le background est bien là et plutôt réussi, Hideo Kojima ne parvient pas à pousser leur histoire au delà,  les rendants de fait difficilement plus attachants que les personnages secondaires du premier volet, Deadman en tête. Justement,  le personnage qui s’est avéré être le plus attachant durant notre test de Death Stranding 2 était celui sur lequel nous n’aurions pas misé une pièce: Dollman. Pantin animé en stop motion, le personnage incarné (visage et voix) par le cinéaste turque Fatih Akin nous accompagne tout au long de nos pérégrinations.

Et là où l’on aurait pu craindre  une omniprésence destinée à casser la solitude du voyage, il n’en est rien, notre compagnon, loin d’être le sidekick comique de service, ne fait que des interventions limitées mais surtout utiles, quand il ne nous sert pas simplement de drône de détection. À noter également ces petites interludes que nous pouvons lancer dans la chambre privée.

Death Stranding 2 gameplay screenshot PS5

Higgs fait ici son retour dans une prestance bien clichée et surtout très Kojim-esque mais on note tout de même que Troy Baker est excellent et semble tout particulièrement se régaler dans ce pur rôle de composition megalo. En revanche, le nouveau personnage mémorable de cette suite est sans nul doute celui incarné par Luca Marinelli, qui marquait déjà les trailers de son charisme avec son déguisement à la Solid Snake. Ce dernier reprend ici une place qui n’est pas sans rappeler celle de Cliff, le personnage incarné par Mads Mikkelsen dans le premier opus. Mais il sera difficile d’en dire plus sans se laisser à quelques révélations narratives, donc motus et bouche cousue. Fragile joue quant à elle un rôle bien plus central que dans le premier opus, permettant à Lea Seydoux de particulièrement se lâcher en terme de prestance.

Ca en fait du beau monde à reconnecter

On ne peut pas évoquer ce test de Death Stranding 2 sans parler de son véritable personnage principal: ses environnements. Le premier nous assénait déjà une claque de tous les instants, tout particulièrement dans sa version Director’s Cut mais cette suite va encore plus loin dans la maitrise technique et artistique. Exit les rocheuses façon Islande qui composaient l’essentiel des UCA, c’est une tout autre paire de manche avec le Mexique et l’Australie. Death Stranding 2 nous offre des environnements plus chaleureux, plus vastes, le tout dans un vrai feu d’artice visuel et d’une maitrise technique irréprochable. C’est bien simple, sur ce point, on est sur l’une des propositions les plus majestueuses de la PS5 à ce jour.

Cette maîtrise,  nous la retrouvons aussi dans les événements météorologiques,  même si l’on regrettera que la plupart d’entre-elles n’ont finalement pas tant d’impact sur notre progression (probablement parce qu’elles n’arrivent pas toujours dans les moments les plus opportuns), ainsi que dans la mise en scène très cinématographique et les animations et tout particulièrement les animations faciales, qui frisent la perfection à quelques sourires dérangeants près. Si certains passeront peut-être à coté des livraisons secondaires, ce dont-il serait dommage puisque en marge de l’histoire principale,  c’est là que l’expérience Death Stranding s’exprime le mieux, on ne saurait que vous conseiller de vous intéresser aux sous-commandes.

Death Stranding 2 gameplay screenshot PS5

Ce sont des quêtes de livraisons narratives qui pourront souvent vous offrir de sympathiques surprises, en plus évidemment d’enrichir le lore bien complexe du jeu. Parmi les quêtes  longues du jeu, celle consistant notamment à sauver des animaux à travers le continent Australien pour les emmener dans un refuge de protection était prometteuse. Mais il aurait fallu que le gameplay soit plus passionnant que courir un peu et appuyer sur la touche carré pour attraper.

Resumé de notre test de Death Stranding 2

À sa sortie, Death Stranding était un jeu singulier et imparfait dans sa proposition, mais ce sont justement cette singularité et cette imperfection qui en faisaient une expérience unique, surtout dans le domaine du AAA estampillé Sony. Si Death Stranding 2 veut s’ouvrir aux joueurs avec un gameplay un peu plus casualisé, Hideo Kojima n’en renie pas pour autant la singularité de la proposition. Offrant un monde plus vivant, plus vaste, plus chaud, Death Stranding 2 est un prolongement idéal surtout pour ceux qui étaient freinés par le gameplay lourd du premier volet. Le retour de bâton ici, c’est que ce gameplay davantage facilité, notamment par un level design trop permissif peut ralentir les ardeurs des fans de la première heure.

Mais en dépit de cette petite casualisation, Death Stranding 2 reste toujours cette expérience unique comme seul Hideo Kojima à le cran d’en proposer. L’aventure, véritable train émotionnel souvent épique, nous invite au voyage par sa maitrise visuelle bluffante, mais aussi à un voyage musical intense, grâce aux partitions aussi mélancoliques que sauvages de Woodkid, accompagné de Ludvig Forsell. Au final, Death Stranding 2, si il améliore pas mal d’axes, reste une expérience qui peut toujours diviser. Et c’est peut-être en ça que c’est justement un chef d’œuvre.

Death Stranding 2 est disponible depuis le 27 juin 2025 sur PS5.

Les points forts

  • Une histoire riche en émotions et en thèmes forts
  • Des environnements à couper le souffle, riches en détails
  • Un gameplay un peu plus accessible et plus riche
  • Un travail technique et artistique de très (très) haute volée
  • Les performances d’acteurs, mention spéciale pour Luca Marinelli et Lea Seydoux
  • Les événements dynamiques bien rendus, comme la météo
  • Un bestiaire nettement plus approfondi
  • Le DHV Magellan qui facilite pas mal les déplacements
  • Les animations faciales des personnages, bluffantes de réalisme…

Les points faibles

  • une expérience de jeu justement  trop simplifiée par un level design et un arsenal trop permissif
  • L’IA des ennemis
  • Un manque de profondeur dans les personnages secondaires
  • Les phénomènes météos qui n’impactent pas autant le gameplay qu’on l’aurait souhaité
  • Le multijoueur asynchrone qui facilite là aussi  l’expérience et contraste  avec le sentiment de solitude propre à la narration
  • La boucle narrative redondante (on livre, on retourne au Magellan et rebelote)
  • …sauf quand ils se mettent à sourire.
Graphismes
100 %
Durée de vie
95 %
Gameplay
75 %
Histoire
85 %
Bande-Son
100 %

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Maximus
Maximus
Quelque part, dans un des millions d'univers infinis qui composent notre multivers, je déteste les jeux vidéos. Je n'y éprouve aucun intérêt et pire, je me montre particulièrement condescendant envers les "gamers". Mais c'est un autre univers.

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