« Tu es trop jeune pour jouer à ça ! » « Tu as deux ans de moins que le PEGI autorisé, tu ne peux pas jouer à ce jeu ». Bien. Ces phrases, vous devez les connaître par cœur : soit parce que l’on vous a empêché de toucher à des jeux géniaux, soit parce que vous avez contourné la règle avec le plus grand panache. Quelle règle d’ailleurs ?
Beaucoup de « on dit » sur le sujet, mais qu’est réellement un PEGI, et pourquoi se trouve-t-il sur nos boîtes de jeux ? Parallèlement, le cinéma offre aussi des restrictions d’âge pour éviter que de trop jeunes enfants soient confrontés à du contenu trop mature ou trop sanglant. Retrouve-t-on donc de telles limites dans les jeux vidéo afin de ne pas choquer un public qui se veut toujours plus grand, mais aussi toujours plus jeune ?
Bienvenue dans ce quatrième épisode de Break’intellect.
L’invention du PEGI
Pour commencer notre histoire, sachez que PEGI signifie Pan European Game Information : c’est un système d’évaluation utilisé dans une trentaine de pays européens, créé pour aider les joueurs (et surtout les parents de ces derniers) à connaître brièvement le contenu des jeux vidéo grâce à un système de logos. On trouve en tout cinq catégories d’âge : de 3 ans à 7 ans, le logo est vert. Il vire à l’orange pour les 12 à 16 ans, puis devient rouge pour les 18 ans.
Ce système n’est entré en vigueur qu’en 2003 grâce à l’ISFE (Interactive Software of Europe ou Fédération européenne des logiciels de loisirs), avec une classification par âge, mais aussi par type de contenu. Il faut d’ailleurs savoir que les PEGI n’ont pas toujours eu un code couleur. En outre, vous pouvez trouver des PEGI en noir et blanc si le jeu date d’avant juin 2009. Pour chaque âge, il y a une restriction de contenu qui devient plus sensible à mesure que vous augmentez le chiffre.
Si vous souhaitez en savoir davantage, rendez-vous sur le site officiel.
Des restrictions, mais pas sans raison
Voyons ici le contenu autorisé selon le PEGI indiqué. Considérez qu’en dessous de l’âge d’un PEGI (excepté le PEGI 3), un joueur n’ayant pas l’âge requis n’est pas en mesure d’accéder au jeu sous peine d’avoir quelques séquelles.
- PEGI 3 : toutes les classes d’âge sont autorisées à jouer. Le jeu n’est pas considéré comme effrayant ou susceptible de traumatiser un joueur, même en bas âge. La violence est autorisée si elle est mise en avant de façon comique, mais il n’y a pas d’injures.
- PEGI 7 : l’effroi est présent et la violence est modérée (tant qu’elle n’est pas réaliste).
- PEGI 12 : la violence devient plus réaliste en termes de graphismes et peut atteindre des humains. Il peut y avoir des sous-entendus à caractère sexuel ainsi que des postures provocantes, mais aussi des jeux de hasard.
- PEGI 16 : on l’utilise quand la violence et la sexualité sont montrées de manière réaliste, de même pour la violence envers autrui. Le langage est parfois grossier, et les jeux de hasard peuvent être montrés. On y trouve aussi des références au tabac, à la drogue ou à l’alcool, que le PEGI considère comme une incitation à consommer ces derniers.
- PEGI 18 : les jeux sont alors vus comme des contenus pour adultes. La violence peut atteindre son paroxysme, tant en quantité qu’en réalisme. On peut y voir des meurtres, des agressions ou de la discrimination. Certains jeux mettent en avant la prise de drogue, même illégales. Des rapports sexuels peuvent également apparaître de manière explicite (c’est-à-dire sans cacher l’action).
Vous l’aurez compris, les PEGI ne sont pas là par hasard. Chaque âge correspondrait à un certain niveau de « maturité psychologique », selon une moyenne globale. Ces classifications ont été mises en place non pas seulement par les chercheurs de l’ISFE, mais aussi par des parents, des joueurs, et même des institutions religieuses. On utilise alors le mot « sensibilité » pour jauger la capacité d’un individu (surtout les enfants) à pouvoir consommer un jeu vidéo.
D’autres temps, d’autres mœurs.
Si le système n’a été appliqué que tardivement en France, on ne peut pas en dire autant du Royaume-Uni. La classification avait été mise en place vers la fin des années 1980, juste après le crash des jeux vidéo. Ce crash avait une cause qui nous intéresse : le contenu des jeux proposés. Une polémique grandissante avait fini par exploser suite à la pornographie trouvée dans certains jeux de l’Atari 2600, ce qui a conduit à restreindre l’accès aux jeux pour plusieurs tranches d’âge. C’était un système plutôt rudimentaire, mais il a été mis en place rapidement et pour des raisons évidentes. Mais peut-être pas pour tout le monde.
Les PEGI restent, mais les joueurs changent.
Voilà 16 ans que le PEGI tend à « conserver » l’esprit des plus jeunes tout en délivrant des libertés à ceux qui approchent de la majorité. Tout ceci serait donc une question de sensibilité théoriquement acquise après le passage d’un âge, comme on passerait un cap ; mais il n’est pas question de maturité, qui elle grandit de manière individuelle et selon les événements vécus. C’est un sujet qui se veut extrêmement polémique, difficile à traiter sans que personne ne soit contre nos propos, voire être scandalisé.
Mais comme nous le répétons, la rédaction n’émet qu’un avis strictement et purement personnel : nous assumons nos paroles, mais pas votre avis quel qu’il soit. Pour en revenir aux PEGI, il s’agit d’une prévention plus que souhaitable dans un monde où tout va de plus en plus vite, sans que des « défenses » ne soient mises efficacement en place. Les enfants, même avant d’avoir 3 ans, sont rapidement attirés par les téléphones, les tablettes ; une technologie qui impressionne car cela semble magique, mais pourtant inappropriée à tous les âges et à tous les instants.
Aller plus loin que le PEGI
Quand certains d’entre eux comprennent l’influence néfaste du tabac ou de l’alcool, d’autres ne se rendront jamais compte des dégâts que peuvent causer une seule dose de drogue. Les PEGI sont un cran de sûreté contre l’arme que peut devenir un jeu vidéo s’il est mal interprété, ou pris trop à cœur par le joueur. Considérer le PEGI comme un signal d’alarme absolu contre un quelconque contenu est peu utile si l’enfant ne comprend pas pourquoi ; mais il est vrai que cela peut protéger un enfant de toutes sortes de cauchemars.